Al-Qaïda a juré de poursuivre «le jihad» pour venger Oussama ben Laden, tué il y a près d'une semaine par un commando américain, dont les membres ont été décorés vendredi par Barack Obama qui a promis de vaincre le réseau islamiste.

«Le cheikh combattant (...) Abou Abdallah, Oussama ben Mohamed ben Laden a été tué (...) par les balles de la trahison et de l'apostasie», écrit Al-Qaïda dans un communiqué, le premier à confirmer la mort de son chef.

Dans ce texte, signé du commandement général de l'organisation et daté de mardi, la nébuleuse extrémiste promet que «le sang» de ben Laden «n'aura pas été versé en vain et qu'il sera une malédiction pour les Américains et leurs agents».

Al-Qaïda s'engage à «poursuivre sur la voie du jihad» tracée par son chef et assure que «les soldats de l'Islam vont poursuivre, par groupes et individuellement, et sans relâche la planification» de leur lutte.

Des menaces prises au sérieux par le président Obama, dont le porte-parole Jay Carney a réagi en disant que les Américains étaient «extrêmement vigilants quant à cette éventualité».

Les États-Unis, qui ont mis la main dans la villa de ben Laden sur une importante quantité de documents (disques durs, CD-ROM, etc.), ont de plus annoncé qu'Al-Qaïda cherchait à préparer des attentats dans des trains sur leur territoire pour marquer le 10e anniversaire du 11-Septembre.

L'organisation a en outre annoncé la diffusion «prochaine» d'un enregistrement sonore de ben Laden encourageant les révoltes dans le monde arabe, et censé avoir été enregistré une semaine avant sa mort, dans la nuit de dimanche à lundi, à Abbottabad, une ville-garnison proche d'Islamabad.

De son côté, Barack Obama a décoré les membres du commando à l'occasion d'une rencontre à la base de Fort Campbell (Kentucky, centre-est).

Dans un discours qu'il a prononcé ensuite devant des militaires, le président américain a affirmé qu'en éliminant ben Laden, les États-Unis avaient «décapité» Al-Qaïda et qu'ils viendraient à bout de cette organisation.

Mais en Afghanistan, les talibans ont averti que la mort d'Oussama Ben Laden donnerait un «nouvel élan» au combat contre les Occidentaux, qui les ont chassés du pouvoir à Kaboul après les attentats du 11 septembre 2001, téléguidés par Al-Qaïda à partir de ce pays et qui ont fait près de 3000 morts aux États-Unis.

«Le martyre d'un martyr ouvre la voie à des centaines d'autres qui s'achemineront vers le martyre et le sacrifice», promettent-ils.

«À propos de l'impact de la mort d'Oussama ben Laden, à propos de la situation en Afghanistan, je pense qu'il y a une possibilité que cela puisse changer la donne», a à cet égard déclaré le secrétaire américain à la Défense Robert Gates. Selon lui, la mort de ben Laden pourrait aggraver les tensions entre les insurgés talibans, dont le mollah Omar, et Al-Qaïda.

La journée de vendredi, jour de prière dans le monde musulman, a été marquée par plusieurs rassemblements en hommage au chef d'Al-Qaïda.

Des centaines d'islamistes ont manifesté au Caire près de l'ambassade des États-Unis et environ 200 personnes à Istanbul, tandis qu'à Londres, elles étaient plus de cent devant la représentation diplomatique américaine.

Au Pakistan, où des centaines de personnes ont défilé dans la ville de Quetta (sud-ouest) à la mémoire de ben Laden et pour appeler au jihad contre Washington, le chef d'état-major Ashfaq Parvez Kayani «a dit clairement que toute nouvelle action de ce type, violant la souveraineté du Pakistan, entraînerait une révision du niveau de la coopération militaire et dans le domaine du renseignement avec les États-Unis».

L'ancien président pakistanais Pervez Musharraf a quant à lui dénoncé «une telle violation par les États-Unis» de «la souveraineté du Pakistan, de son armée et de (ses services de) renseignement».

Pour M. Musharraf, il y a deux explications possibles à la présence secrète du chef d'Al-Qaïda pendant cinq ans à Abbottabad.

«L'une est qu'il y avait des complicités au sein de nos services de renseignement. L'autre est leur incompétence et je penche fortement pour cette explication», a-t-il affirmé, avant d'ajouter : «Je ne peux pas croire qu'il y avait complicité».

L'armée pakistanaise a d'ailleurs reconnu «ses propres insuffisances dans le renseignement sur la présence d'Oussama ben Laden au Pakistan».

Le gouvernement du président Barack Obama a toutefois demandé à Islamabad l'identité de certains hauts responsables du renseignement pakistanais afin de déterminer s'ils auraient eu des contacts avec le chef d'Al-Qaïda, selon le New York Times.

Dans le même temps, le Premier ministre australien, Julia Gillard, a félicité Barack Obama pour l'opération qui a entraîné la mort d'Oussama Ben Laden.

La chancelière allemande Angela Merkel a en revanche fait machine arrière, déclarant dans un entretien publié samedi être «soulagée» par sa disparition, après s'en être au départ «réjouie», suscitant un malaise en Allemagne.