L'exécution du chef du réseau Al-Qaïda Oussama Ben Laden, tué dans un raid des forces spéciales américaines dans une villa au nord-est d'Islamabad, a été saluée mais aussi critiquée, essentiellement par des mouvements islamistes.

Hamas

Le chef du gouvernement du mouvement palestinien Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh: «Nous condamnons l'assassinat de tout moujahed (combattant islamique) et de tout individu, musulman ou arabe, et nous demandons à Dieu de lui accorder sa miséricorde».

«Si cette nouvelle est vraie, nous pensons que c'est la poursuite de la politique d'oppression américaine fondée sur l'effusion du sang des Arabes et des musulmans», a-t-il ajouté.

M. Haniyeh a exprimé cette condamnation «malgré les différences d'interprétation entre nous», en allusion au jihadisme mondialisé d'Al-Qaïda, qui se distingue de l'objectif des mouvements palestiniens, y compris islamistes, concentrés sur la lutte contre Israël.

Al-Qaïda

Un membre d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique dans le sud du Yémen: «Cette nouvelle a constitué une catastrophe pour nous. C'était notre père spirituel».

Il a indiqué à l'AFP que les responsables de l'Aqpa allaient tenir une réunion dans le sud du Yémen où le réseau est fortement implanté pour publier un communiqué sur «l'avenir du Jihad dans la période à venir».

Talibans

Le porte-parole du Mouvement des Talibans du Pakistan, Ehsanullah Ehsan, dans un entretien téléphonique avec l'AFP depuis un lieu inconnu: «S'il a connu le martyre, nous vengerons sa mort et lancerons des attaques contre les gouvernements américains et pakistanais ainsi que leurs forces de sécurité, ces gens sont en fait les ennemis de l'islam».

Omar Bakri

Le prédicateur islamiste radical Omar Bakri à l'AFP : «La nouvelle de la mort du cheikh Oussama nous a attristés et réjouis en même temps; elle nous a attristés car nous avons perdu un leader dans cette région arabe et réjouis car il est tombé en martyr comme il l'a souhaité».

«Sans doute le martyre d'Oussama Ben Laden va donner un nouveau souffle à la nouvelle génération, car l'entreprise du jihad ne s'arrêtera pas. Nous nous attendons à des réactions de cette génération en Europe (...) Il y aura des opérations pour venger cheikh Oussama», a dit M. Bakri, originaire de Syrie mais détenteur d'un passeport libanais.

Réactions plus modérées

D'autres, comme l'Iran et les Frères musulmans d'Égypte, n'ont pas critiqué l'élimination de Ben Laden mais ont appelé les États-Unis à ne plus déployer des forces dans la région.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Ramin Mehmanparast cité par la chaîne en anglais Press-TV: «Les États-Unis et leurs alliés n'ont plus d'excuse pour déployer des forces au Moyen-Orient sous prétexte de lutter contre le terrorisme».

«L'Iran espère que cet événement aidera à établir la paix et la sécurité dans la région», a ajouté M. Mehmanparast.

L'Iran à majorité chiite a toujours considéré Al-Qaïda, mouvement sunnite ultra-rigoriste et anti-chiite, comme une menace pour sa sécurité.

Le numéro deux des Frères musulmans d'Égypte, Mahmoud Ezzat, à l'AFP: «L'islam n'est pas Ben Laden». «Après les attentats du 11-Septembre, il y a eu beaucoup de confusion. Le terrorisme a été confondu avec l'islam».

M. Ezzat a indiqué que les États-Unis avaient pendant des années utilisé Ben Laden et son réseau «comme un prétexte pour faire la guerre aux pays musulmans. Les États-Unis doivent se retirer (d'Irak et d'Afghanistan) car ils ne devraient pas occuper ces terres et non parce que Ben Laden est mort».