La folie du mariage princier était palpable jusqu'à Montréal ce matin. Au Burgundy Lion, pub anglais de la Petite Bourgogne, la place était pleine pour la diffusion de la cérémonie sur grand écran.

C'était un peu comme une ambiance de match de hockey. Sauf qu'il y avait surtout des femmes, et que les chapeaux étaient plus beaux - quand ce n'était pas tout simplement des diadèmes en plastique.

Assise au bar, Dolorès s'était levée aux petites heures rien que pour assister au gros show royal. «J'avais envie de me baigner dans l'atmosphère anglaise, nous a confié l'élégante dame à rouge à lèvres. Mais je suis surtout venue pour le rêve...»

Monarchiste? « Pas vraiment. Mais j'aime ce côté romantique des choses, ne serait-ce que quelques instants. Avec la situation mondiale présentement, disons que c'est un vent de fraîcheur.»

Mania elle, était surtout venue pour le happening. «Le conte de fées, c'est pas mon truc, Par contre, c'est une bonne occasion pour s'habiller autrement!» a lancé la jeune femme amusée, somptueusement vêtue de perles, de gants de dentelles et d'un remarquable chapeau des années 20.

Pas loin derrière, Victor et Olivier étaient vêtus plus sobrement. Mais ils n'auraient manqué l'événement pour rien au monde. «C'est une grande célébration qui nous concerne tous. Après tout, ce sont nos futurs monarques » a souligné Olivier.

On lui fait remarquer que ces propos choqueraient bien des Québécois. Il hausse les épaules. «Tant pis pour eux. Ils manquent quelque chose!»

Vers 6h, on a commencé à servir les petits déjeuners anglais. Quand les époux se sont dit «Je le jure», le pub est devenu subitement très silencieux et on n'entendait plus que le bruit des fourchettes dans le black pudding. Puis il y a eu un soupir de soulagement quand William a finalement réussi à enfiler la bague. Les gens ont applaudi. « J'ai des frissons» a murmuré Heather, l'oeil mouillé. « Oui, c'est un spectacle qu'on ne voit pas souvent» a ajouté son amie Joan, en arborant fièrement sa breloque en forme de couronne royale.

Et maintenant, la question qui tue: est-ce que ce mariage va durer? Un peu partout, on semblait perplexe. «Paraît que les bookies londoniens ont déjà commencé à prendre des paris» a dit Mania en riant.

Mais Dolorès, grande sentimentale, semblait plus confiante. «Love can't fail!» a-t-elle lancé en regardant les deux époux monter dans le fiacre royal. « Les chevaux... le carrosse... on se croirait vraiment dans Cendrillon... Heureusement qu'il n'est pas minuit!»