Sous les cris de «Vive le roi» d'une foule agitant de nombreux drapeaux, le nouveau roi d'Espagne, Felipe VI, et son père Juan Carlos, qui a abdiqué en sa faveur, ont salué jeudi au balcon du palais royal de Madrid.

Ému et montrant des gestes tendres envers son épouse Letizia et ses deux filles, Leonor et Sofia, le nouveau roi, âgé de 46 ans, est sorti sur le balcon peu après 12 h 30, rejoint ensuite par ses parents, Juan Carlos et Sofia.

Sur le balcon orné du nouvel écusson royal de Felipe VI, rouge cramoisi, la famille est restée de longues minutes à saluer le public, amassé sur la grande esplanade de la Plaza de Oriente, sous un soleil éclatant et aux cris de «Vive le roi» et «Vive Felipe».

Ce salut a conclu les actes en public de la proclamation du nouveau roi, entamée dans la matinée par la remise à Felipe, par Juan Carlos, de la ceinture en soie rouge de capitaine général des armées.

Acclamé le long des avenues de Madrid, pavoisées du drapeau national rouge et or, le jeune roi en uniforme militaire a ensuite gagné le Congrès des députés accompagné de la reine Letizia, fine et élégante en robe et manteau blanc, et de leurs deux filles, Leonor, huit ans, la nouvelle princesse héritière, et Sofia, sept ans.

Une Espagne unie et une monarchie intègre

Le nouveau roi d'Espagne a proclamé, jeudi, sa «foi dans l'unité de l'Espagne», face à la montée du séparatisme catalan, promettant également une monarchie «intègre et transparente» après les scandales ayant touché la famille royale.

«Nous voulons une Espagne en laquelle tous les citoyens retrouvent la confiance dans ses institutions» et «où toutes les façons de se sentir espagnol ont leur place», a-t-il déclaré, dans son discours de proclamation, devant le Congrès des députés.

«Je veux réaffirmer, en tant que roi, ma foi dans l'unité de l'Espagne», a-t-il lancé, en réponse aux poussées nationalistes catalane et basque, parmi les défis les plus lourds qu'il devra affronter.

Avant de conclure d'un «merci», en castillan, en catalan, en basque et en galicien, les quatre langues officielles du pays.

Et alors que la famille royale espagnole a été touchée ces dernières années par plusieurs scandales, le plus grave d'entre eux étant la mise en examen de Cristina, soeur de Felipe, pour blanchiment de capitaux, il a assuré qu'il suivrait «une conduite intègre, honnête et transparente».

Cristina était d'ailleurs la grande absente de cette cérémonie, tout comme Juan Carlos, qui a remis en début de matinée à son fils la ceinture de soie rouge de capitaine général des Armées. 

Cette cérémonie s'est déroulée également en l'absence d'invités étrangers et de manière exclusivement laïque, rompant avec la tradition catholique, avant une réception qui doit suivre au palais royal, en présence de 2000 invités et des ambassadeurs étrangers.

Le nouveau monarque, âgé de 46 ans, a ensuite prêté serment au Parlement, jurant fidélité à la Constitution après l'abdication de son père au terme de 39 ans de règne.

«Je jure de remplir fidèlement mes fonctions, de respecter et faire respecter le Constitution et les lois et de respecter les droits des citoyens et des régions autonomes», a-t-il déclaré, sous les applaudissements des députés et sénateurs réunis au Congrès et aux cris de «Viva España» et «Viva el rey».

Le roi a également rendu hommage à son père, louant son rôle dans «la réconciliation des Espagnols» après la dictature franquiste.

«Un règne exceptionnel devient aujourd'hui partie de notre histoire, avec un héritage extraordinaire», a assuré Felipe VI.

À ses côtés, la nouvelle reine Letizia, première souveraine espagnole à ne pas avoir de sang royal, était tout sourire tandis que leurs filles, la princesse Leonor et sa petite soeur Sofia paraissaient intimidées.

Le nouveau couple royal devait ensuite traverser Madrid en voiture jusqu'au Palais Royal, avant de rejoindre Juan Carlos et la reine Sofia pour saluer la foule depuis le balcon central.