Le procès d'Anders Behring Breivik, jugé pour le meurtre de 77 personnes l'an dernier, entre ce jeudi dans la dernière ligne droite avec le réquisitoire très attendu du Parquet, qui doit se prononcer pour l'internement psychiatrique ou pour la prison.

Sur fond de divergences des experts-psychiatres sur la santé mentale de l'accusé, les procureurs Svein Holden et Inga Bejer Engh doivent prendre position sur la responsabilité pénale de Breivik et le sort à lui réserver.

Dans l'acte d'accusation formel dressé en mars, les deux procureurs s'étaient prononcés pour l'internement psychiatrique, tout en laissant la porte ouverte à une demande d'emprisonnement si de nouveaux éléments sur la santé mentale de l'extrémiste de droite devaient émerger.

Leur position s'appuyait sur la seule expertise psychiatrique officielle existant alors, laquelle avait conclu que le tueur souffrait de «schizophrénie paranoïde», une psychose synonyme d'irresponsabilité pénale. Ce que récuse Breivik qui se considère pénalement responsable.

Mais ce diagnostic a depuis été contredit par une contre-expertise et l'ensemble des autres psychiatres appelés à témoigner au tribunal d'Oslo, y compris ceux qui ont observé l'accusé en détention.

S'il est reconnu pénalement irresponsable, Breivik risque l'internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée tant qu'il sera jugé dangereux.

Pour pouvoir le condamner à la prison, les juges doivent être convaincus qu'il est pénalement responsable au-delà du doute raisonnable, sans que l'on sache précisément où la barre se situe.

Le plaidoyer du Parquet est donc d'autant plus important qu'il contribuera à accentuer ou à estomper ce doute, selon l'importance qu'il donne à la première expertise officielle.

Le 22 juillet, Breivik avait ouvert le feu sur des jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur Utoeya, faisant 69 morts, des adolescents pour la plupart. Juste auparavant, il avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo, tuant huit autres personnes.

Le verdict est attendu le 20 juillet ou le 24 août.