Un homme a tenté de s'immoler par le feu mardi devant le tribunal d'Oslo où se déroule le procès de l'extrémiste de droite Anders Behring Breivik, jugé pour la mort de 77 personnes l'an dernier, sans que les deux événements semblent liés.

L'homme s'est présenté en début d'après-midi devant une tente servant à effectuer des contrôles de sécurité en dehors du tribunal, s'est aspergé de liquide probablement inflammable, puis s'est mis le feu, montre une vidéo publiée par le site du tabloïd Verdens Gang (VG).

«Les policiers lui ont arraché ses vêtements et ont éteint le feu» avec leurs bouteilles d'eau, a déclaré le chef des opérations de la police d'Oslo, Kjell Jan Kverme, sur place.

L'homme, gravement blessé, a été hospitalisé après avoir reçu les premiers soins, a-t-il dit.

Les motifs de l'intéressé, décrit par la police comme un Norvégien d'origine étrangère, n'étaient pas immédiatement connus.

«Nous n'avons aucune raison pour l'instant de penser que c'était lié» au procès de Breivik qui se trouvait à l'intérieur du tribunal au moment des faits, a précisé Kjell Jan Kverme.

Selon l'agence norvégienne NTB, il s'agirait d'un désespéré, vivant de l'aide sociale et qui venait de remettre dans le bureau d'une avocate une enveloppe à «ouvrir si quelque chose de grave m'arrive».

À son retour au bureau, l'avocate dit avoir noté une forte odeur de paraffine et trouvé une lettre de rejet de prestation sociale dans l'enveloppe.

Sur la vidéo (ATTENTION: les images qui suivent peuvent choquer), on voit l'homme courir en hurlant «Tirez-moi dessus, tirez-moi dessus», bonnet et chandail en feu, puis être maîtrisé par des policiers qui lui arrachent ses vêtements, alors qu'il gémit de douleur à terre.

Breivik est actuellement jugé pour avoir tué 77 personnes le 22 juillet 2011 en Norvège, en faisant d'abord exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur des centaines de jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoya.

Hormis le départ précipité du prétoire de nombreux journalistes, la tentative d'immolation n'a pas perturbé le procès de l'extrémiste de 33 ans.

Mardi, la Cour a entendu pour la deuxième journée consécutive les témoignages de jeunes gens blessés sur Utoya.

Une jeune femme de 22 ans, Ina Rangoenes Libak a notamment raconté avec une fraîcheur et un entrain déconcertants comment elle avait survécu aux multiples blessures infligées par Breivik.

«Je me souviens de toutes les balles qui m'ont atteinte. Quand j'ai été touchée aux bras, j'ai pensé: on y survit. Touchée à la mâchoire, j'ai pensé: c'est plus grave. Puis touchée à la poitrine, là je me suis dit: on en meurt», a-t-elle raconté.

Tout d'abord cachée derrière un piano dans la cafétéria où 13 de ses camarades perdront la vie, Ina Rangoenes Libak a été criblée d'au moins quatre balles.

«Quand on s'est fait tirer dessus tant de fois, on n'a pas assez de mains» pour arrêter le sang, a dit la jeune blonde dont le témoignage a provoqué tour à tour larmes et sourires dans le prétoire.

S'exprimant d'une voix claire et décidée, Ina Rangoenes Libak a même fait sourire Breivik lorsqu'elle a raconté sa satisfaction, au nom de la parité, de voir que le chef du service des urgences dans lequel on l'a transportée le 22 juillet était une femme.

La santé mentale de Breivik est la question centrale du procès.

S'il est reconnu pénalement irresponsable dans le verdict attendu en juillet, l'extrémiste risque l'internement psychiatrique à vie. Déclaré responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.