Anders Behring Breivik, jugé pour le massacre en deux temps de 77 personnes l'an dernier en Norvège, a révélé jeudi qu'il planifiait initialement trois attentats à la bombe et une fusillade, un projet qu'il a dû restreindre en raison de la difficulté de fabriquer des explosifs.

Au quatrième jour de son procès, l'extrémiste de droite a aussi indiqué avoir décidé dès 2006 de perpétrer «une opération-suicide» -il a dit à plusieurs reprises qu'il ne pensait pas survivre aux attaques du 22 juillet 2011- et qu'il s'y est notamment préparé en jouant à des jeux vidéo.

«Le plan, c'était trois voitures piégées suivies d'une fusillade», a déclaré l'auteur de l'attentat à la bombe contre le siège du gouvernement norvégien et de la fusillade d'Utoya, deux attaques qui ont fait 77 victimes au total.

D'une voix calme et visiblement disposée à s'expliquer en détail, Breivik a précisé qu'il comptait au départ fabriquer deux bombes d'une tonne chacune, l'une qu'il aurait placée dans le quartier des ministères -comme il l'a fait- et l'autre près du siège du parti travailliste.

Il prévoyait aussi de déposer une troisième bombe de 500 kg près d'une cible «très incertaine», évoquant une tour abritant le journal norvégien Aftenposten, le Parlement, l'hôtel de ville d'Oslo ou encore le Palais royal.

Au cas où son choix se serait arrêté sur ce dernier objectif, le tueur qui se présente comme royaliste a précisé qu'il se serait au préalable assuré que la famille royale était absente au moment de l'attentat, l'objectif étant de lui adresser «un avertissement» et non pas de la frapper directement.

S'il avait survécu à ces attaques, ce qu'il jugeait très improbable, il comptait aussi perpétrer une fusillade contre les occupants d'un squat célèbre d'Oslo -Blitz-, le journal Dagsavisen et le parti de la Gauche socialiste, dont les bâtiments sont géographiquement proches.

L'objectif, a ajouté l'extrémiste de 33 ans, était d'y tuer «autant de personnes que possible».

Mais il a finalement renoncé à ce plan en juin 2011, quelques semaines seulement avant de passer à l'acte: «C'était beaucoup plus difficile que je ne le pensais de faire une bombe», a-t-il expliqué, évoquant aussi l'amenuisement de ses moyens financiers.

Lors de l'audience démarrée sans son traditionnel salut d'extrême droite qui provoquait survivants et proches des victimes, Breivik a précisé avoir commencé à envisager dès 2006 d'entreprendre «une opération-suicide» contre «les élites» qui permettent, selon lui, «l'islamisation» de la Norvège et de l'Europe.

«Je pensais que mes chances de survie étaient équivalentes à zéro», a-t-il dit.

Pour son propre plaisir, mais aussi pour se préparer au carnage, il a expliqué avoir pris une «année sabbatique» en 2006, après être retourné vivre chez sa mère à l'âge de 27 ans, pour pouvoir jouer à World of Warcraft jusqu'à 17 heures par jour, «le rêve de toute une vie».

«Ce n'est pas un jeu violent du tout (...) C'est un jeu de stratégie», a-t-il affirmé, au sujet de World of Warcraft qui consiste à développer des civilisations dans un monde imaginaire.

Mais, selon lui, l'exercice lui a permis de «se préparer mentalement» au massacre qu'il devait perpétrer cinq années plus tard.

Breivik dit aussi avoir joué, mais dans une moindre mesure, à Call of Duty: Modern Warfare, un jeu de simulation de tir.

«Je n'avais pas un goût très prononcé pour ce jeu (...), mais c'est bien pour s'entraîner», a-t-il dit.

Il a également expliqué s'être entraîné dans un club de tir et s'être procuré des armes auxquelles il a donné des noms inspirés de la mythologie nordique: Gungnir pour son fusil, Mjoelner pour son pistolet Glock mais aussi Sleipner pour son véhicule.

La question de la santé mentale de Breivik, jugé pénalement irresponsable dans une première expertise psychiatrique puis responsable par une contre-expertise, est centrale dans ce procès qui doit durer 10 semaines.

Déclaré pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait ensuite être prolongée aussi longtemps qu'il sera considéré comme dangereux.

S'estimant en guerre pour protéger l'Europe contre «l'invasion musulmane», Breivik a reconnu les faits, mais refuse de plaider coupable.