Les estimations controversées du gouvernement américain quant aux quantités de brut écoulées dans le golfe du Mexique suite au naufrage de la plateforme pétrolière exploitée par BP sont exactes, confirme la première étude scientifique indépendante publiée jeudi.

Selon cette recherche, menée par Timothy Crone, professeur à l'Université Columbia de New York, quelque 4,4 millions de barils ou 715 millions de litres de pétrole se sont déversés dans l'océan entre le 22 avril et le 15 juillet, lorsque l'écoulement de brut à pris fin.

Timothy Crone est parvenu à cette estimation en recourant à une nouvelle technique appelée «vélocimétrie optique des particules» qui permet, à partir des images retransmises sans interruption par les caméras du groupe britannique BP, de mesurer la densité du flot de pétrole s'écoulant du puits endommagé.

Le chiffre avancé par M. Crone -après déduction de quelque 128 millions de litres récupérés par BP- dépasse de 63 millions de litres la dernière estimation des autorités fédérales (652 millions de litres, soit 4,1 millions de barils).

Mais dans la mesure où la marge d'erreur de l'étude est de plus ou moins 20%, on peut considérer que ces deux estimations sont comparables, selon les chercheurs dont l'étude paraît dans la revue américaine Science datée du 24 septembre.

«Nous avons voulu procéder à une estimation indépendante car le public avait l'impression que les estimations avancées n'étaient pas nécessairement exactes», explique M. Crone, un géophysicien marin et principal auteur de cette recherche.

L'estimation exacte du flot de pétrole écoulé pourrait bien être plus grande, reconnaît-il toutefois. «Nous sommes parfaitement conscients des limites de notre technique et il est improbable qu'on puisse savoir un jour la quantité exacte de pétrole qui a fui dans l'océan».

Les chercheurs notent que leur analyse ne comprend pas l'étude de plusieurs autres fuites provenant de fissures plus petites situées dans le conduit dont on pense qu'elles se sont accrues au fil des jours sous l'effet de la pression.