BP s'apprêtait mardi à boucher définitivement le puits à l'origine de la plus gigantesque marée noire aux États-Unis, ce qui devrait lui permettre de se concentrer désormais sur les conséquences écologiques de la catastrophe dans le golfe du Mexique.

Les ingénieurs du groupe pétrolier doivent encore conduire un dernier «test d'injection», avant l'opération de «static kill» consistant à injecter des liquides et des matières solides dans le puits endommagé, puis à le cimenter.

BP a annoncé lundi soir que la découverte d'une petite fuite hydraulique au niveau du couvercle du puits allait retarder le déroulement de l'intervention. Toutefois, le géant britannique prévoit toujours de débuter mardi l'opération.

«Il est prévu que le test d'injection et le "static kill" aient lieu mardi», a déclaré BP dans un communiqué.

Si l'opération est un succès, les équipes du groupe britannique scelleront définitivement le puits qui ne fuit plus depuis mi-juillet grâce à la pose d'un entonnoir, mais n'a pas encore été condamné de façon permanente.

La procédure n'a cependant jamais été testée et une initiative similaire avait échoué fin mai.

Selon des responsables du groupe, il devrait être possible de connaître quelques heures après le début de «static kill» si l'intervention atteint son objectif.

La pire marée noire de l'histoire confirmée

Alors que BP mettait la dernière main à l'opération, les données fournies par les autorités américaines et le géant pétrolier ont confirmé que l'explosion et le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon fin avril avait provoqué la pire marée noire de l'histoire des États-Unis.

En tout, quelque 4,9 millions de barils, soit 780 millions de litres de brut et de gaz, se sont échappés du puits, dont 800 000 barils (127 millions de litres) ont été récupérés, a indiqué lundi Washington.

La plus importante marée noire enregistrée jusque-là dans le pays avait été provoquée en 1979 par l'explosion du puits Ixtoc Uno conduisant au déversement dans le golfe du Mexique de 3,3 millions de barils.

Selon la loi américaine, BP pourrait être contraint de payer de 1 100 dollars à 4 300 dollars d'amende par barils déversés et non récupérés, si le groupe est reconnu coupable de négligence, soit une amende totale qui pourrait atteindre jusqu'à 17,6 milliards de dollars.

Bottom kill

Selon BP, la phase finale de l'opération, dite «bottom kill», consistant à injecter un mélange d'eau et de matières solides puis du ciment via le puits de secours, pourrait commencer entre le 11 et le 15 août.

Malgré l'espoir de tourner enfin la page de la catastrophe, les Américains demeurent préoccupés par les conséquences écologiques à long terme de la catastrophe, en particulier après la publication samedi par le Congrès de documents portant sur le recours aux dispersants.

Selon BP et les autorités américaines, près de 7 millions de litres de ces dispersants ont été utilisés, mais Edward Markey, président démocrate d'une sous-commission sur l'Environnement à la Chambre des représentants, a estimé lundi sur CNN que ces chiffres doivent être «remis en question».

Les habitants des régions touchées - et en particulier les pêcheurs -, craignent aussi que la fin de la crise ne provoque un départ massif des responsables présents sur place.

«Nous allons rester là et faire le boulot juqu'au bout», a assuré dimanche le directeur d'exploitation de BP, Doug Suttles.