Des universitaires américains ont accusé vendredi BP de tenter d'acheter le silence de scientifiques et professeurs d'université afin de se protéger dans le dossier de la marée noire à l'origine de la pollution dans le golfe du Mexique.  

«C'est vraiment une grande entreprise qui tente d'acheter le silence de l'université d'une manière totale», a expliqué Cary Nelson, à la tête de l'Association américaine des professeurs, dans un entretien à la BBC.

Selon les termes d'un contrat proposé par BP aux scientifiques, dont la BBC indique avoir eu copie, les chercheurs ne sont pas autorisés à publier les résultats des recherches qu'ils effectuent pour le compte du géant pétrolier.

Ils ne sont pas non plus autorisés à communiquer les données de leurs études pendant au moins trois ans ou jusqu'à ce que le gouvernement donne son aval définitif au plan de réhabilitation du golfe du Mexique, affirme la même source.

BP a annoncé avoir embauché plus d'une douzaine de chercheurs «avec une expertise en matière de ressources du golfe du Mexique», selon un communiqué du groupe reçu par la BBC.

«Ils m'ont contacté et dit qu'ils souhaitaient la participation de notre département pour développer le meilleur programme possible de réhabilitation après la marée noire», a indiqué Bob Shipp, à la tête du département des sciences de la mer à l'Université de South Alabama.

«Nous avons établi les règles de base: que nous gardions un contrôle total des données pour toutes nos recherches, la transparence et liberté de partager ces données avec d'autres chercheurs, ainsi qu'un contrôle par nos pairs», a expliqué M. Shipp.

«Nous n'avons plus jamais entendu parler d'eux», a-t-il dit.

BP a réfuté toute «restrictions sur la communication de données scientifiques par les chercheurs», selon la BBC.

La marée noire, provoquée par le naufrage le 22 avril de la plateforme Deepwater Horizon exploitée par BP devrait affecter durablement l'écosystème et le tourisme dans cinq Etats américains riverains golfe du Mexique.

Selon une étude publiée mercredi, elle pourrait causer la disparition de 17.000 emplois dans la région d'ici fin 2010.