La fuite de pétrole dans le golfe du Mexique est stoppée depuis plus de 24 heures et aucune nouvelle fuite n'a été identifiée mais Barack Obama demande de garder la tête froide: BP n'est qu'à mi-chemin du test crucial mené sur le puits à l'origine de la marée noire.

Le puissant flot qui répandait quotidiennement des millions de litres de liquide toxique dans l'océan s'est arrêté jeudi à la mi-journée à la faveur d'un test destiné à vérifier la résistance du puits.

La possibilité que, emprisonné dans le puits bouché par un gigantesque entonnoir, le pétrole comprimé ne finisse par créer des brèches et par se répandre à nouveau dans l'océan constitue la principale inquiétude des équipes sur place.

Pour l'instant, BP n'a constaté aucun signe de la présence d'une telle fuite au niveau du puits qui descend à 4 km de profondeur sous terre après 24 heures de test. «Nous n'avons aucune indication que du pétrole ou du gaz s'échappent» du puits, a indiqué le vice-président du groupe Kent Wells.

Thad Allen, responsable des opérations de lutte contre la marée noire pour l'administration, s'est montré quant à lui plus prudent. Il a simplement indiqué que la pression mesurée ne permettait pas de tirer des conclusions définitives sur ce qui se passe à l'intérieur du puits.

Une pression élevée laisserait penser que la résistance du puits est bonne et qu'il n'y a pas de fuite. Une pression faible laisserait au contraire penser que du pétrole s'échappe par ailleurs.

L'amiral Allen a indiqué que la pression augmentait de 0.1 à 0.6 bar par heure, ce qui était bon signe. Mais 24 heures après le début du test, le niveau de la pression dans le puits laisse planer «un doute sur l'existence éventuelle d'une fuite», a dit M. Allen.

Quoi qu'il en soit, les chaînes de télévision qui retransmettaient en direct les images de la fuite de brut au fond de l'océan montrent maintenant une tête de puits dont plus une goutte de pétrole ne s'échappe, pour le plus grand soulagement des Américains et surtout des habitants de la région.

L'écoulement responsable de la plus grave marée noire de l'histoire des Etats-Unis a cessé quand les soupapes d'un nouvel entonnoir installé lundi ont été fermées, près de trois mois après le naufrage de la plate-forme de BP Deepwater Horizon, à l'origine de la catastrophe.

«Le nouvel entonnoir est une bonne nouvelle», a déclaré vendredi le président Obama depuis la Maison Blanche, rappelant que ce dispositif permettrait soit de continuer à arrêter l'écoulement, soit d'en capturer l'essentiel.

M. Obama a toutefois souligné qu'il ne fallait pas crier victoire trop vite. «Il est important que nous gardions la tête froide», a-t-il déclaré une vingtaine d'heures après le début du test.

Barack Obama a néanmoins rappelé vendredi que la seule solution à même de régler le problème «une bonne fois pour toutes» sera la mise en oeuvre en août de puits de dérivation.

Les réactions amères vendredi d'habitants des zones touchées par la pollution rappelaient l'immensité du travail restant à accomplir pour nettoyer le pétrole qui a souillé les côtes des cinq Etats américains bordant le golfe du Mexique, mettant en péril leur écosystème et leur économie.

«Y a-t-il vraiment des raisons de se réjouir?», demandait Kindra Arnesen, femme d'un pêcheur de crevettes, dans le New York Times. «Mon mode de vie est détruit: ils ont cassé tout ce que je connaissais, tout ce que je chérissais».

Les garde-côtes américains ont indiqué que depuis le début de la catastrophe, plus de 42,77 millions de litres de pétrole avaient été brûlés à la surface de l'eau, ce qui correspond à la quantité totale de pétrole qui avait été déversé dans l'océan après l'échouage de l'Exxon Valdez au large de l'Alaska en 1989.

BP a indiqué vendredi avoir déjà indemnisé à hauteur de 200 millions de dollars les entreprises et les particuliers touchés. Au cours des dix dernières semaines, 32.000 dossiers d'indemnisation ont été honorés. 61.000 autres sont en attente.

Selon un article publié dans le Financial Times, BP s'apprêterait à des ventes d'actifs massives, pouvant aller jusqu'à une vingtaine de milliards de dollars, pour faire face aux coûts de cette crise, pour laquelle le groupe a déjà dû débourser plus de 3,5 milliards de dollars.