Au 56e jour de la marée noire dans le golfe du Mexique, «la pire catastrophe écologique» de l'histoire des États-Unis, Barack Obama a appelé mardi les Américains à rompre avec leur «dépendance» au pétrole et à s'engager dans une «mission nationale» en faveur du développement de nouvelles sources énergétiques.

«La tragédie en cours est le rappel le plus puissant et douloureux que le temps est venu d'adopter un avenir énergétique propre. Le temps est venu pour cette génération de s'engager dans une mission nationale pour libérer l'innovation américaine et saisir les rênes de notre propre destin», a-t-il déclaré mardi soir en appelant le Congrès à achever l'adoption d'une nouvelle loi sur l'énergie et le climat, un projet qui est actuellement bloqué au Sénat.

Dans son premier discours télévisé livré du bureau Ovale de la Maison-Blanche, le 44e président a comparé l'entreprise à laquelle il a convié ses compatriotes aux efforts consentis par l'industrie américaine durant la Seconde Guerre mondiale et au projet d'envoyer un homme sur la Lune durant les années 60.

Le discours dans son intégralité :

«L'approche que je n'accepterai pas est celle de l'inaction», a-t-il ajouté en présentant aux Américains le «plan de bataille» de son administration pour faire face à une catastrophe qu'il a comparée à une «épidémie». Il les a notamment informés qu'il sommera les dirigeants de BP de créer un fonds d'indemnisation pour les travailleurs et les entreprises affectés par la marée noire.

«Ne vous trompez pas : nous allons combattre cette marée noire avec tous les moyens à notre disposition et aussi longtemps qu'il le faudra. Nous ferons payer BP pour les dégâts que la compagnie a causés. Et nous allons faire tout ce qui est nécessaire pour aider la côte du Golfe et ses habitants à surmonter cette tragédie», a déclaré le président au cours d'une allocution de 18 minutes.

Barack Obama recevra mercredi à la Maison-Blanche le président de BP, Carl-Henric Svanberg, et le directeur général du groupe, Tony Hayward, à qui il pourra renouveler ses demandes. Les démocrates du Sénat ont réclamé un fonds d'indemnisations totalisant 20 milliards de dollars.

Critiqué pour sa gestion de la crise par un public qui le trouve trop détaché, le président a également annoncé sa décision de confier au secrétaire à la Marine, Ray Mabus, la mission de développer un plan à long terme pour «restaurer l'unique beauté et richesse» de la région du Golfe. Il a également annoncé la nomination de Michael Bromwich, un ancien responsable du ministère de la Justice, à la tête de l'agence fédérale chargée de la gestion du pétrole, du gaz naturel et des minerais aux États-Unis.

Critique

Plus tôt dans la journée, le Congrès américain a entamé des audiences sur les causes de l'explosion à l'origine de la catastrophe dans le golfe du Mexique. Les parlementaires démocrates de la Chambre des représentants n'ont pas été les seuls à accuser BP d'avoir négligé de suivre les procédures de sécurité par souci d'économie et de gain de temps. Les concurrents du groupe pétrolier - Chevron, ExxonMobil, ConocoPhillips et Shell - ont également formulé les mêmes critiques.

«Je suis convaincu que l'enquête indépendante montrera que cette tragédie était évitable», a ainsi déclaré John Watson, patron du groupe Chevron, devant les membres de la commission de l'Énergie et du Commerce de la Chambre.

Le directeur général de BP, Tony Hayward, doit s'exprimer à son tour devant la même commission demain, au lendemain de sa rencontre avec le président à la Maison-Blanche.