Le président américain Barack Obama et le Premier ministre britannique David Cameron ont tenté d'apaiser leurs tensions samedi, alors que la pression montait sur le britannique BP sommé par les États-Unis de revoir ses plans contre la marée noire du Golfe du Mexique.

Au cours d'une conversation téléphonique de 30 minutes, M. Obama a a assuré à M. Cameron que les critiques qu'il a formulées contre BP ne visaient pas Londres, a indiqué Downing Street dans un communiqué. Ces critiques «n'ont rien à voir avec la nationalité» de la compagnie, a-t-il dit selon cette source.

En outre, MM. Obama et Cameron se sont mis d'accord pour affirmer que le «BP devait faire tout son possible pour répondre de façon efficace à la situation», a précisé de son coté la Maison Blanche dans un communiqué.

Dans un communiqué rendu public dans la capitale britannique après l'entretien, le groupe pétrolier BP a déclaré qu'il appréciait «l'engagement constructif» de Londres et de Washington dans le contentieux lié à la marée noire.

«Nous apprécions les qualités de dirigeants et l'engagement constructif des gouvernements américain et britannique», a déclaré le groupe.

Cette conversation intervient alors que les tensions entre les deux alliés ont augmenté ces derniers jours après de vives critiques venues de Washington sur le groupe pétrolier britannique BP et sa gestion de la marée noire.

M. Obama avait notamment affirmé ces derniers jours qu'il était déterminé à «botter les fesses» des responsables de la marée noire, après s'être engagé le mois dernier à «maintenir sa botte» sur la gorge du groupe britannique.

Samedi, la pression américaine a continué de monter.

«BP doit identifier dans les prochaines 48 heures de nouveaux moyens qui pourraient être utilisés pour contenir la fuite», écrit l'amiral des gardes-côtes américains James Watson dans une lettre publiée par l'administration, alors que les estimations sur le flot de pétrole qui s'échappe du puits endommagé ont été revues à la hausse cette semaine.

En outre, de nombreux responsables américains ont demandé à BP de ne pas payer les dividendes cette année et de garder ces fonds pour les indemnisations liées à la pollution. BP avait payé 10,4 milliards de dollars à ses actionnaires en 2009, selon son rapport annuel.

«Aucune décision n'a été prise à ce sujet, nous cherchons des solutions. Il y a une réunion du conseil d'administration lundi, mais ils ne vont pas nécessairement prendre une décision à ce moment là», a indiqué un porte-parole de BP à Londres, avant d'ajouter que la suspension du versement des dividendes était l'une des options envisagées.

Plusieurs journaux pensent que BP va au moins différer le paiement du deuxième trimestre, peut-être en plaçant l'argent sur un compte séquestre, selon le Times de Londres.

Cette nouvelle a effrayé les investisseurs et fait chuter fortement l'action du groupe cette semaine sur les marchés boursiers. L'action BP a chuté de plus de 40% depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon à l'origine de la marée noire.

Par ailleurs, la Maison Blanche a confirmé vendredi que Barack Obama rencontrerait mercredi le président du groupe britannique BP, Carl-Henric Svanberg, convoqué à une réunion sur la marée noire.

Parallèlement, le coût potentiel du nettoyage des côtes souillées continue d'augmenter chaque jour à un rythme effréné, l'entonnoir posé la semaine dernière sur la tête du puits endommagé ne permettant pas de contenir toute la fuite.

Jusqu'à 40 000 barils de pétrole -quelque 5 260 tonnes- se déversent chaque jour dans le golfe du Mexique, selon l'estimation haute fournie jeudi par des experts mandatés par l'administration américaine pour évaluer l'ampleur de la fuite. L'estimation basse tourne autour de 20 000 barils.

La précédente estimation faisait état d'un écoulement allant de 12 000 à 19 000 barils par jour.