Le directeur général du groupe pétrolier BP Tony Hayward a annoncé vendredi qu'il faudrait environ «48 heures pour évaluer la quantité de gaz et de pétrole capturée» après la mise en place vendredi d'un entonnoir sur le conduit à l'origine de la marée noire.

Le directeur général a par ailleurs affirmé que cela ne le gênait pas de servir de «paratonnerre» dans cette affaire.

Dans un communiqué séparé, la compagnie a fait savoir que du gaz et du pétrole étaient bel et bien arrivés à bord du navire Discoverer Enterprise après la pose de cet entonnoir, montrant que le principe fonctionne. Mais il faudra encore un peu de temps pour en savoir plus.

M. Hayward, qui dialoguait au téléphone avec des investisseurs, en compagnie d'autres membres de la direction, a estimé par ailleurs qu'il était «impossible de prédire le coût» de la marée noire, mais a reconnu qu'il serait «assez important». Il a dit peu après que les coûts financiers seraient «sévères». «Mais BP est une compagnie solide et nous avons affronté d'autres orages» a-t-il dit.

Le directeur général a souligné à quel point il regrettait «profondément» cet accident, et il a tenu à «présenter personnellement et au nom de l'ensemble de BP des excuses pour ce qui s'est passé». Il a rappelé que BP s'était engagé à régler toutes les dépenses liées à cette catastrophe, dont il a assuré qu'«elle ne se reproduirait jamais». Il a estimé qu'elle allait «avoir une influence sur le secteur gazier et pétrolier mondial».

Il a cependant assuré que BP «entendait rester à long terme» aux États-Unis. Il a en outre annoncé que BP allait mettre en place une unité spéciale chargée de faire face aux conséquences de la marée noire, qui sera dirigée par le directeur d'exploitation Bob Dudley.

Alors que la situation financière du groupe semble lui permettre de verser des dividendes malgré cet accident, mais que les analystes jugent que les autorités américaines pourraient mal le prendre, la direction de BP a fait savoir au cours de cette conférence que les décisions en la matière seraient «fondées sur les circonstances en vigueur au moment» de la décision.

«Tous les facteurs seront pris en compte et la décision sera prise par rapport aux intérêts à long terme des actionnaires», a indiqué le président de la compagnie Carl-Henric Svanberg.

Les dividendes de BP sont particulièrement scrutés au Royaume-Uni par les fonds de pension et les retraités, car ils représentent un septième du revenu total apportés à ces fonds par les dividendes de grandes sociétés britanniques.

Interrogé sur les attaques dont est victime BP aux États-Unis depuis la catastrophe, M. Hayward a remarqué d'une part qu'il avait avec lui sur place «certains de ses meilleurs lieutenants» et que «ça ne le dérangeait pas de servir de paratonnerre parce que cela permet à chacun de se consacrer à son travail».

«J'ai une épaisse veste en kevlar, a-t-il plaisanté, et pour l'instant je suis indemne». «Personne ne m'a blessé physiquement, on me lance quelques méchancetés, mais je suis britannique et, comme on dit, les coups peuvent vous briser les os, mais pas les paroles».

M. Hayward s'est félicité du «soutien extraordinaire, fantastique, du conseil d'administration».