Les autorités américaines et BP ont averti que du pétrole pourrait continuer à se déverser dans le golfe du Mexique jusqu'en août, alors que la compagnie pétrolière travaillait lundi à une nouvelle opération censée contenir la fuite de brut.

Selon Carol Browner, la conseillère du président Obama pour les questions d'énergie et de changement climatique, il se pourrait que du pétrole «continue à s'écouler de ce puits jusqu'en août et l'installation de puits secondaires».

Ces puits sont censés atténuer la pression qui s'exerce sur le puits principal pour pouvoir le sceller définitivement et stopper l'écoulement de millions de litres de brut dans les eaux du golfe.

Mme Browner a affirmé dimanche qu'il s'agissait de «la pire marée noire de l'histoire des États-Unis».

De son côté, John Currie, un porte-parole de BP, a admis lundi que «le forage de puits secondaires est la meilleure solution» pour en finir avec la fuite à l'origine de la marée noire.

Les responsables de BP ont également indiqué que la mise en place du nouveau dispositif destiné à contenir la fuite pourrait prendre une semaine.

Au contraire de l'opération de cimentation, baptisée «top kill», qui a échoué samedi, le nouveau procédé ne vise pas à arrêter la fuite de brut, mais à la contenir.

Les ingénieurs prévoient de sectionner les pipelines endommagés et d'y ajuster une sorte de chapeau en métal permettant de capturer le pétrole puis de le siphonner jusqu'à un navire en surface.

Mais, a prévenu Mme Browner, le risque est réel que cette technique augmente, du moins temporairement, de 20% le volume de brut qui se déverse dans la mer.

«Nous allons travailler à 1500 mètres de profondeur avec des robots. Nous allons prendre notre temps et faire preuve d'une extrême précaution. À la fin de la semaine», l'installation devrait être en place, a annoncé sur CNN Bob Dudley, le directeur général de BP.

Et, prévient Larry Crowder, professeur de biologie marine à la Duke University, si la fuite devait effectivement continuer à souiller le golfe du Mexique pendant deux mois, il est presque acquis que le pétrole serait happé par le «Loop Current», un courant qui forme une boucle dans le golfe puis s'échappe par le détroit de Floride en direction de l'Atlantique où il se transforme en Gulf Stream.

Dès lors, il faudrait s'attendre à ce que les Keys, l'archipel à la pointe de la Floride qui forme la troisième barrière de corail du monde, soit touché par le pétrole.

Selon des estimations publiées par l'administration la semaine dernière, entre 72 millions et 113 millions de litres de brut se sont écoulés dans la mer depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril.

En Louisiane, l'État le plus touché par la marée noire, les habitants n'hésitent plus à donner de la voix contre BP et la gestion de la crise par l'administration Obama.

Dimanche, quelque 500 personnes ont bravé la pluie pour manifester dans le Quartier Français de La Nouvelle-Orléans. «Éco-meurtriers!», criait notamment Belinda Sopczak, une des manifestantes. Sur une pancarte, elle avait écrit «British Polluters» («Pollueurs britanniques»), jeu de mots sur British Petroleum dont BP est l'acronyme.

Au micro de la radio locale WWL, le sénateur de Louisiane David Vitter s'est prononcé pour que la gestion de la crise se fasse «de façon militaire». «Nous avons besoin d'une chaîne de commandement de style militaire, où les ordres sont donnés et immédiatement exécutés», a dit M. Vitter.