La dernière tentative de colmatage de la fuite de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique, baptisée top kill, est un échec, a annoncé samedi le groupe pétrolier BP, en ajoutant qu'il allait se tourner vers une nouvelle méthode pour mettre fin à la fuite.

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Le président américain Barack Obama a exprimé son inquiétude après l'annonce de l'échec et mis en garde contre les risques de la nouvelle option.

«Alors que nous avons d'abord reçu des retours positifs sur l'opération top kill, il apparaît clairement maintenant que cela n'a pas marché», a déclaré Barack Obama dans un communiqué, après s'être entretenu avec de hauts responsables sur la situation dans le golfe du Mexique.

«Après trois jours entiers de tentative, nous avons été dans l'incapacité de contenir la fuite», a de son côté déclaré l'officier directeur d'exploitation de BP, Doug Suttles, dans un point de presse.

«Nous avons décidé de nous tourner vers une nouvelle option» pour tenter de colmater la fuite, a-t-il ajouté.

«Evidemment, nous sommes très déçus par cette annonce et je sais que vous êtes tous impatients de voir ce puits colmaté», a de son côté déclaré Mary Landry, amiral des gardes-côtes américains.

Tous les espoirs se portent désormais sur l'installation d'un nouveau dispositif prévoyant de sectionner les pipelines endommagés et d'y ajuster une structure permettant de capturer le pétrole puis de le siphonner jusqu'à un navire en surface.

«Ce dispositif n'est pas sans risque et n'a jamais été expérimenté auparavant à cette profondeur» de 1 500 mètres, a rappelé le président américain.

L'ancienne option, qui était déjà hautement délicate et sans précédent à cette profondeur, consistait à envoyer dans le puits un mélange d'eau et de matières solides. Une fois le flux de pétrole stoppé grâce à cette «boue», il s'agissait de cimenter la source.

BP, qui exploitait la plateforme dont le naufrage le 22 avril a provoqué la catastrophe, a également injecté des débris pour faciliter le colmatage.

Le pétrole s'est répandu dans le golfe à un rythme de 2 à 3 millions de litres par jour depuis le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon, selon des experts mandatés par l'administration américaine.

BP avait demandé plus tôt samedi de la «patience» aux Américains suspendus à sa tentative de colmatage.

Le groupe est soumis à une forte pression de la part de l'opinion publique américaine et de l'administration Obama, hantée par le désastre politique qu'avait entraîné l'inertie du gouvernement Bush face au cyclone Katrina en 2005, dans la même région.

M. Obama s'était rendu vendredi en Louisiane, l'Etat le plus touché par la marée noire, annonçant à cette occasion le «triplement des effectifs» déployés dans les régions côtières touchées.

La catastrophe est d'ores et déjà considérée comme la plus grave marée noire jamais survenue aux Etats-Unis et chaque nouvelle journée apporte son lot d'images de rivages souillés, d'animaux englués.

Les dégâts sont particulièrement importants dans certains marais, comme à Pass-a-Loutre (Louisiane). «Ici, il n'y a rien. Tout est presque mort», constate Angelina Freeman, une scientifique travaillant sur l'impact de la marée noire.

Quelque 20 000 personnes participent aux opérations visant à endiguer la marée noire. Lors de son intervention en Louisiane vendredi, Barack Obama a promis de nouveaux barrages anti-pétrole.

La lutte contre la marée noire implique également l'usage -controversé- de dispersants dont 3,3 millions de litres ont été répandus jusqu'à présent. L'Agence américaine de l'Environnement (EPA) a néanmoins indiqué que BP utilisait désormais moins de produits chimiques pour disperser le pétrole.