L'explosion le 20 avril de la plateforme de BP dans le golfe du Mexique a été précédée de trois signes avertissant de l'imminence d'un danger dans l'heure précédant l'explosion, ont révélé mardi des élus américains.

Selon les représentants Henry Waxman et Bart Stupak, citant un rapport interne à BP, le premier avertissement est arrivé «51 minutes avant l'explosion». Il s'est déclenché car «la quantité de liquides sortant du puits est devenue plus importante que celle pompée à l'intérieur du puits».

Dix minutes plus tard, un autre signal s'est déclenché. Bien qu'il ait été fermé pour effectuer un test, «le puits a continué à s'écouler et la pression dans le conduit de forage a augmenté de façon inattendue».

Le dernier avertissement est intervenu 18 minutes avant l'accident, ont expliqué les parlementaires. A ce moment-là «une pression anormale» a notamment été observée et a conduit à la fermeture de la pompe.

L'explosion qui a secoué la plateforme a fait 11 morts. L'installation a sombré le 22 avril.

Nouvelle tentative pour boucher la fuite

Sur le terrain, la compagnie pétrolière se préparait toujours mardi à injecter du ciment dans le puits de pétrole qui continue de fuir à 1.500 m de profondeur, mais reconnaissait n'avoir que deux chances sur trois de parvenir à arrêter la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis.

Le groupe pétrolier britannique a affirmé mardi qu'il lancerait dans les «prochains jours» l'opération consistant à injecter des liquides dans le puits afin d'en réduire la pression, puis à le boucher avec du ciment.

«Les derniers préparatifs sont en cours pour tenter de fermer le puits, si les opérations se déroulent bien aujourd'hui (...) une décision sera prise ce soir ou tôt demain matin quant à une tentative pour boucher le puits demain (mercredi)», a indiqué de son côté mardi devant le Sénat David Hayes, secrétaire-adjoint aux Affaires intérieures, chargé de la gestion des ressources naturelles.

Au cas où cette tentative échouerait, le groupe envisage d'autres opérations mais pas avant la fin du mois.

 

Obama va se rendre en Louisiane

La Maison Blanche a annoncé mardi que M. Obama se rendra vendredi en Louisiane afin d'«évaluer» les opérations de lutte contre la marée noire. Ce sera le deuxième déplacement du président américain dans la région depuis le début de la crise.

Interrogée mardi par la chaîne américaine ABC pour savoir si cette catastrophe constituait la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis, la responsable des questions d'environnement à la Maison Blanche, Carol Browner, a répondu: «Malheureusement, je crois qu'il n'y a aucun doute la-dessus».

Jusqu'à présent la pire marée noire aux Etats-Unis remontait à mars 1989 lorsque le pétrolier Exxon Valdez avait heurté un récif dans la baie du Prince William (Alaska), déversant quelque 38.800 tonnes de pétrole.

Le fragile écosystème des marécages de Louisiane (sud) est un lieu de reproduction pour les poissons, crabes et crevettes qui représentent 2,4 milliards de dollars par an pour l'industrie de la pêche et du tourisme.

Au marché de Biloxi, une ville côtière de l'Etat voisin du Mississippi, le prix des crevettes a augmenté de 10% depuis le début de la crise, selon des vendeurs interrogés par l'AFP.

«Si le pétrole arrivait sur les côtes au nord, cela pourrait devenir un gros problème», explique Scott Mareno, alors que les autorités américaines ont étendu mardi à 22% la portion des eaux territoriales américaines interdites à la pêche dans le golfe du Mexique.