Le groupe pétrolier britannique BP a assuré jeudi pomper désormais 5000 barils de brut par jour du puits situé dans le golfe du Mexique et a reconnu, pour la première fois, que la fuite était plus importante que l'estimation qu'il avait avancée jusqu'à présent.

BP, qui exploitait la plateforme pétrolière qui a sombré le 22 avril par 1 500 m de fond au large des côtes américaines, indiquait jusqu'à présent que 5000 barils de brut, soit quelque 800 000 litres, s'échappaient chaque jour du puits.

«Maintenant que nous récupérons 5000 barils par jour, il se pourrait que ce soit un peu plus que cela», a dit jeudi à l'AFP un porte-parole du groupe, Mark Proegler. «Nous le disons depuis le début, nos experts assurent qu'il n'existe vraiment aucune manière fiable d'estimer (le volume de) la fuite».

Des experts, dont la thèse semble être accréditée par la découverte par des scientifiques américains d'énormes nappes de brut à grande profondeur, avaient toutefois récemment estimé que le volume de brut s'échappant du puits pourrait être 5 à 20 fois supérieur aux 5 000 barils annoncés jusqu'à présent par BP.

Mark Proegler a aussi indiqué que le groupe récupérait désormais quelque 425 000 mètres cubes de gaz par jour, contre 400 000 annoncés plus tôt jeudi.

Le géant pétrolier récupère le pétrole grâce à un système de conduit sous-marin installé le week-end dernier. Il a aussi précisé avoir récupéré jusqu'ici en surface quelque 187 000 barils de liquide pétrolier.

Mais malgré ces progrès, du pétrole lourd a commencé mercredi, pour la première fois, à souiller les côtes de Louisiane, et d'autres nappes de brut étaient aspirées par un courant marin en direction de la Floride, qu'elles pourraient atteindre dans les prochains jours. Ce puissant courant circule en direction de l'archipel des Keys, à la pointe de la Floride, et menace la troisième barrière de corail du monde. Les côtes de Cuba, berceau d'un écosystème fragile, se trouvent aussi sur sa trajectoire.

Jusqu'à présent, seules des galettes de pétrole avaient été repérées par les autorités américaines sur les côtes de Louisiane, du Mississippi et d'Alabama.

Il n'est pas exclu de brûler les marais de Louisiane souillés par le pétrole lourd, a déclaré jeudi à l'AFP le capitaine des garde-côtes Edwin Stanton, qui coordonne les secours dans cet État, soulignant que cette option serait décidée en dernier recours.

Des militants de l'organisation écologiste Greenpeace ont escaladé jeudi le siège du groupe pétrolier dans le centre de Londres en signe de mécontentement.

Le ministre américain des Affaires intérieures, Ken Salazar, a émis l'espoir jeudi que BP parvienne à colmater dimanche de manière définitive la fuite de pétrole au moyen de l'injection de boue. «Notre espoir est que ce qu'ils appellent le «colmatage du puits» ait lieu dimanche», a dit M. Salazar, soulignant toutefois que l'opération n'était pas sans risques.

BP a dit jeudi que l'opération devrait démarrer «dans les prochains jours».

Il s'agit d'injecter de la boue dans le puits afin d'enrayer la fuite puis à le recouvrir d'une chape de ciment. Cette technique pourrait être combinée à une autre opération, surnommée «injection de cochonneries», qui consiste à projeter sur la fuite, à très haute pression, des débris comme des morceaux de pneus ou des balles de golf.

Par ailleurs, les autorités américaines ont donné jeudi 24 heures à BP pour choisir un produit dispersant moins toxique que ceux qu'utilise actuellement le groupe contre la marée noire.