Après trois jours d'efforts, et plusieurs échecs, BP a annoncé dimanche qu'un tube d'1,6km de long placé sur le puits de pétrole qui fuit depuis l'effondrement de la plate-forme Deepwater dans le Golfe du Mexique fonctionnait. Il devrait permettre de siphonner une grande partie du brut vers la surface pour qu'il soit récupéré par un tanker.

Kent Wells, vice-président de BP chargé de l'exploration et de la production, a déclaré lors d'une conférence de presse que le volume de pétrole remonté à la surface augmentait peu à peu, et qu'il faudrait plusieurs jours pour le mesurer. Mark Proegler, porte-parole de BP, avait affirmé un peu plus tôt que le tube contenait la plupart du pétrole qui s'échappait jusqu'à présent du puits, représentant environ 85% de la fuite depuis l'effondrement de la plate-forme le 22 avril, deux jours après une explosion qui a fait 11 morts.

Par ailleurs, des nappes de pétrole sous-marines, dont l'une s'étend sur 16 kilomètres, ont été repérées par des scientifiques dans le golfe du Mexique, ce qui montre que les dégâts causés par la marée noire pourraient être encore plus graves que prévu.

Le gouvernement estime qu'au moins 795 000 litres de pétrole s'écoulent quotidiennement dans l'océan, un chiffre toutefois contesté par certains scientifiques qui craignent que la fuite soit beaucoup plus importante.

La compagnie pétrolière a essayé des techniques diverses pour contenir la fuite depuis qu'elle a été repérée, quelques jours après l'explosion. BP a notamment essayé de placer un caisson de confinement de cent tonnes sur la fuite, avant d'y renoncer en raison de la formation de cristaux de glace qui bouchaient les conduits et empêchaient tout pompage du pétrole. BP a aussi brûlé de petites parties de la nappe de pétrole à la surface de l'eau, et a pulvérisé des produits chimiques au-dessus et sous la surface de l'océan.

Mais cette dernière découverte de nappes de pétrole sous-marines constitue un nouveau sujet d'inquiétude, et pourrait aggraver les dégâts sur le plan écologique dans le golfe du Mexique. Cela pose aussi des questions sur le volume de brut qui pourrait toucher les côtes dans les jours qui viennent. Pour l'instant, des boulettes de goudron ont échoué sur les plages de plusieurs États, mais le pétrole n'est pas arrivé sur les côtes en grande quantité.

«C'est juste une question de temps (...) et on va bientôt voir apparaître le premier niveau important de pétrole» sur certaines côtes américaines, a déclaré Hans Graber, un expert de l'université de Miami, en Floride.

Des chercheurs de l'Institut national de science et de technologie sous-marine ont assuré samedi qu'ils avaient repéré des nappes de pétrole sous-marines, juste en-dessous de la surface de l'eau, et jusqu'à 1200 mètres de profondeur.

Trois ou quatre grandes nappes de ce type ont été détectées, et au moins une qui s'étend sur 16 kilomètres de long et 1,6 kilomètre de large, a précisé Samantha Joye, professeur à l'université de Géorgie.

Deux chercheurs, Vernon Asper et Arne Dierks, ont remarqué que ces nappes étaient «peut-être dues à l'injection de dispersants en profondeur». BP a obtenu le feu vert du gouvernement pour répandre des produits chimiques sur le pétrole quand cela peut le disperser avant qu'il ne remonte à la surface.