Trois semaines après le début de la marée noire, l'administration Obama est montée au créneau mercredi en proposant de taxer davantage les groupes pétroliers et en mobilisant les meilleurs scientifiques du pays pour aider BP à contenir la fuite de brut.

Le gouvernement du président américain Barack Obama a proposé au Congrès d'augmenter d'un cent par baril la taxe acquittée par les compagnies pétrolières pour un fonds de réaction aux marées noires, dont le plafond de dépenses serait relevé de un à 1,5 milliard de dollars.

Si le texte est adopté, la taxe passerait dès cette année de huit à neuf cents par baril (soit de 0,63 à 0,71 centime d'euro pour 160 litres) et atteindrait 10 cents en 2017.

Ce fonds sert actuellement à financer des opérations de nettoyage et de protection des côtes des États de Louisiane, du Mississippi et d'Alabama, qui sont menacées par la marée noire provoquée par l'explosion, puis le naufrage, de la plateforme Deepwater Horizon, exploitée par le géant pétrolier BP.

Depuis que l'installation a sombré à 80 km de la Louisiane, le 22 avril, 800 000 litres de brut se déversent quotidiennement dans la mer. Et selon la Maison Blanche, M. Obama -qui a plusieurs fois répété que BP devra assumer tous les coûts engendrés par la catastrophe - est particulièrement «agacé» qu'aucune solution n'ait encore permis de colmater la fuite.

Après un premier échec la semaine dernière, le géant pétrolier a déposé mercredi au fond du golfe du Mexique un nouveau «couvercle», plus petit, qui devrait être installé dans les prochains jours sur le puits afin de canaliser le pétrole qui s'en échappe.

Et pour aider le groupe britannique dans cette entreprise sans précédent, les autorités ont réuni à Houston (Texas) la fine fleur de la communauté scientifique des États-Unis aux côtés du secrétaire américain à l'Energie, Steven Chu, lui-même ancien lauréat du prix Nobel de physique.

Physiciens, ingénieurs ou géologues, «la locomotive intellectuelle de ce pays est occupée à résoudre ce problème», a affirmé M. Chu, en visitant les lieux. «On fait des progrès», a-t-il également assuré, sans plus de précision.

L'objectif de cette équipe est de poser un regard neuf sur les options choisies par BP, en proposer de nouvelles, mais aussi aider à récolter le maximum d'informations pour empêcher la répétition d'une telle catastrophe.

Cette marée noire pourrait être la pire de l'histoire américaine, tant par son volume, que par son impact écologique. En souillant les bayous et plages des environs de La Nouvelle Orléans, le pétrole pourrait en effet mettre à mal un écosystème fragile et unique.

Pour l'instant, seules quelques galettes de brut ont atteint la côte et les autorités américaines ont engagé une course contre la montre pour installer des centaines de kilomètres de barrages flottants devant stopper l'avancée du brut.

Et face au mécontentement de la population locale et des pêcheur, le gouvernement de Louisiane, premier État américain producteur de fruits de mer et de poissons, a annoncé mercredi la réouverture d'une petite partie des zones côtières de l'État à la pêche commerciale et de loisir.

Mais cette reprise pourrait n'être que de courte durée: la vaste nappe de pétrole n'était plus mercredi qu'à une quinzaine de kilomètres de la terre ferme, qu'elle devrait atteindre samedi, selon les dernières prévisions de l'Agence maritime américaine NOAA.