Des techniciens de la compagnie pétrolière British Petroleum devaient recevoir des équipements leur permettant de procéder à une nouvelle tentative de colmater la principale fuite de pétrole dans le Golfe du Mexique, selon un plan d'activité de British Petroleum dont l'Associated Press a pu prendre connaissance dimanche.

Le matériel, qui doit être acheminé par bateau, devrait permettre aux techniciens d'injecter de la boue et du ciment dans la valve de sécurité du puits de pétrole, une opération qui pourrait prendre de deux à trois semaines.

Une porte-parole de BP, Mark Proegler, a toutefois indiqué que la compagnie pétrolière n'avait encore pris aucune décision et qu'elle envisageait trois options pour colmater la fuite à l'origine de la marée noire. BP n'a ainsi pas renoncé à tenter à nouveau de poser le coffre géant sur la fuite pour pomper le pétrole jusqu'à un pétrolier en surface.

Un coffre géant d'acier et de ciment, posé vendredi sur la fuite, avait dû être retiré le lendemain après la formation de cristaux de glace empêchant tout pompage. Les techniciens l'ont éloigné de la fuite pour le mettre à l'abri.

Les ingénieurs de BP se sont donnés jusqu'à lundi au moins pour trouver une solution pour boucher la fuite.

Le coffre mesurant 12m et pesant 100 tonnes, terminé à son extrémité supérieure par un entonnoir renversé, avait été descendu vendredi au fond de l'eau par une grue. Une opération inédite à une telle profondeur, où la pression est suffisante pour écraser un sous-marin.

A cette profondeur, sous des conditions de forte pression et de basse température, le gaz s'échappant en même temps que le pétrole forme au contact de l'eau des hydrates de méthane, sous forme de cristaux de glace, a expliqué un porte-parole de BP, Doug Suttles. Ces cristaux, inflammables et donc potentiellement dangereux, ont également pour effet d'obstruer les conduits, empêchant le pompage du pétrole.

«Je ne dirais pas encore que cela a échoué», avait expliqué M. Suttles. «Je dirais plutôt que ce que nous avons tenté de faire la nuit dernière n'a pas marché», a-t-il nuancé. Les ingénieurs de BP envisagent parmi les solutions possibles d'injecter de l'eau chaude ou du méthanol pour empêcher la formation des cristaux.

La marée noire est due à l'explosion, le 20 avril, de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, exploitée par BP, qui a fait 11 morts. Une canalisation reliant le puits à la plate-forme, qui a sombré par le fond le 22 avril, s'est rompu en plusieurs points. Depuis l'accident, à environ 80km au large de la Louisiane, près de 800 000 litres de pétrole se déversent chaque jour dans le Golfe du Mexique.

Le dôme de confinement était censé collecter près de 85% du pétrole s'échappant du puits: le brut devait être siphonné au moyen d'un pétrolier en surface, après la mise en place d'un conduit reliant le coffre au bateau.

D'après les garde-côtes et BP, 13,25 millions de litres se sont déjà déversés dans le Golfe du Mexique depuis l'accident.

Près de huit millions de litres d'un mélange constitué de 10% de pétrole et le reste d'eau ont été pompés, quelque 258km de barrages flottants antipollution ont été déployés, tandis qu'un million de litres de produits chimiques dispersants ont été largués sur les nappes, à la surface de l'eau. Environ 190 bateaux, plus de 4 500 personnes participent aux efforts de nettoyage, épaulées par 2.500 bénévoles.

Mais samedi, des boulettes de pétrole ont atteint une plage très fréquentée de l'île Dauphin, en Alabama, à environ 160 kilomètres de la plate-forme. Une demi-douzaine de boulettes ont été ramassées et leur origine doit être analysée pour vérifier qu'elles proviennent bien des fuites du golfe du Mexique, a précisé un responsable des garde-côtes, Adam Wine.

Le contre-amiral des garde-côtes Mary Landry avait mis en garde samedi contre tout optimisme prématuré, soulignant que le coffre ôôn'est pas la solution définitive» pour tarir la source des fuites. «La solution définitive est d'injecter du ciment» via un forage parallèle et de boucher ainsi ce puits, avait-elle souligné. Tout cela «n'est pas instantané», avait-elle noté.