La plus petite des trois fuites de pétrole à l'origine d'une marée noire dans le golfe du Mexique a été colmatée, mais ce premier succès des secours deux semaines après le naufrage d'une plateforme ne modifiait pas le volume d'hydrocarbures répandu dans la mer.

Le groupe britannique BP «a réussi à boucher l'une des trois fuites (...) et nous travaillons désormais sur deux fuites», a dit mercredi à l'AFP un responsable des garde-côtes américains, Brandon Blackwell.

«Nous nous attendons à ce que l'écoulement reste au même niveau, même s'il n'y a désormais plus que deux fuites», a-t-il poursuivi. «Travailler sur deux fuites sera nettement plus facile que sur trois. Nous progressons».

BP, qui exploitait la plateforme Deepwater Horizon qui a coulé au large de la Louisiane, travaillait depuis des jours à l'aide de robots sous-marins pour boucher cette fuite à l'aide d'une valve, une technique qui ne pourra pas être employée pour venir à bout des deux autres fuites repérées, dont une est nettement plus grande.

BP estime que 800 000 litres de pétrole se déversent chaque jour dans la mer à la suite de l'explosion suivie d'un incendie le 20 avril à bord de la plateforme située à quelque 70 km des côtes américaines. Onze personnes à bord sont portées disparues. 

La plateforme a fini par sombrer deux jours plus tard et le conduit qui pompait le pétrole du puits situé à 1 500 m de profondeur gît désormais percé au fond de la mer. Selon une estimation, quelque 9,5 millions de litres de pétrole se sont répandus dans la mer depuis le début de la catastrophe.

Le groupe pétrolier a annoncé mercredi à l'AFP qu'une énorme chape d'acier de près de 90 tonnes destinée à colmater la principale fuite avait pu être embarquée à bord d'un navire.

Fonctionnant comme une sorte d'entonnoir, la structure doit permettre de pomper le brut vers un navire situé à la surface. Une telle opération, qui ne pourra pas débuter avant le week-end, n'a jamais été tentée à une telle profondeur.

BP a par ailleurs commencé dimanche à creuser un puits de secours afin de boucher le conduit d'origine et détourner définitivement le pétrole vers une autre plateforme.

Par ailleurs, des équipes ont testé une nouvelle technique qui consiste à injecter du dispersant dans le pétrole dès qu'il se répand dans l'eau, avant même qu'il ne rejoigne la surface, «avec des résultats encourageants», selon l'administration américaine.

La nappe de pétrole, de 200 km de long sur 110 de large, a déjà touché la presqu'île formée par le delta du Mississippi et menace des dizaines de km de côtes. BP a indiqué mardi soir que 22 navires envoyés en reconnaissance n'avaient repéré aucune marée noire sur le littoral. Des dizaines de kilomètres de barrages flottants ont été déployés.

Plus de 600 espèces animales, en particulier le pélican brun et une tortue des mers déjà en danger - la tortue Kemp - sont menacées par la nappe de pétrole, selon des experts. Une tortue a été aperçue mardi engluée dans une plaque de pétrole à quelque 24 km des côtes par des membres de l'association National Wildlife Foundation.

En guise de réponse aux critiques mettant en avant sa lenteur à réagir, la Maison-Blanche a publié mercredi un document de plusieurs pages détaillant l'ensemble des actions entreprises jusqu'à présent pour venir à bout de la catastrophe.