Hillary Clinton et Donald Trump poursuivent samedi leur farouche campagne dans une tension accrue, le milliardaire mettant les bouchées doubles dans les États clés afin d'empêcher sa rivale démocrate de devenir la première femme présidente des États-Unis.

La course folle des deux candidats vers la Maison-Blanche touche à sa fin, après avoir stupéfié le monde entier par ses rebondissements, ses outrances et ses controverses.

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À l'heure de l'épilogue, la plus grosse surprise est que Donald Trump a une chance réelle de l'emporter mardi 8 novembre, même s'il conserve sa position d'outsider.

Selon le site RealClearPolitics, la moyenne des sondages nationaux donnait samedi une avance de 2,3 % pour Hillary Clinton (45 % contre 42,7 % pour Trump) au niveau national, et une avance de 1,2 % pour la démocrate en Floride.

« Dans trois jours, nous allons remporter le grand État de la Floride et nous allons reprendre la Maison-Blanche », a affirmé le magnat de l'immobilier dans un rassemblement samedi à Tampa.

Quelques heures après l'homme de 70 ans répétait ces mêmes mots, en changeant seulement le nom de l'État, dans une réunion publique organisée en bordure de l'aéroport de Caroline du Nord.

Le tribun populiste avait été précédé à la tribune de cette ville de Wilmington par son épouse Melania, davantage impliquée dans la campagne à l'approche du scrutin.

« Nous sommes à trois jours du changement que vous avez attendu toute votre vie », a lancé à la foule M. Trump, qui a prévu de se rendre dans huit États en deux jours.

Lui que très peu de gens avaient pris au sérieux en juin 2015 quand il avait lancé sa candidature au pied de sa tour à New York, lui qui a écrasé de ses invectives la campagne des primaires républicaines, finissant néanmoins en tête, lui qui a cent fois semblé plombé par des polémiques, a déjoué à chaque fois les pronostics.

Photo John Bazemore, AP

Donald Trump était accompagné par son épouse Melania lors de son passage à Wilmington, en Caroline du Nord, le 5 novembre.

Photo Andrew Harnik, AP

Hillary Clinton est apparue pouces levés lors d'un rassemblement à Pembroke Pines, en Floride, le 5 novembre.

Rien lâcher dans les États-clés

D'où l'inquiétude légitime dans le camp de Mme Clinton, l'expérimentée technocrate de 69 ans à l'image entachée par une enquête policière sur ses emails relancée 12 jours avant le scrutin du 8 novembre.

Pour l'ex-première dame et ancienne secrétaire d'Etat, aux réseaux politiques cultivés depuis 30 ans, la tactique des dernières 72 heures est claire : ne rien lâcher dans les États pivots décisifs pour la victoire.

Pour Trump, le défi s'annonce encore plus difficile : remporter une ribambelle de ces États-clés en ralliant notamment les électeurs de l'Amérique rurale et éventuellement parvenir à renverser en sa faveur un Etat penchant traditionnellement du côté démocrate.

D'où le retour samedi matin en Floride des deux adversaires : la péninsule ensoleillée du sud-est des États-Unis a souvent été décisive pour la présidentielle américaine. Elle apportera 29 grands électeurs à qui la gagnera.

Le magnat populiste compte sur les légions de retraités établis là-bas, Mme Clinton veut y séduire l'important électorat hispanique.

Après avoir bénéficié vendredi soir du soutien des superstars Beyoncé et Jay Z, dans un grand concert à Cleveland, bastion démocrate de l'Ohio, Hillary Clinton est montée sur scène samedi à Miami.

Photo Evan Vucci, AP

Donald Trump était de passage à Tampa, en Floride, samedi matin.

Photo Andrew Harnik, AP

Hillary Clinton a fait campagne à Miami, le 5 novembre.

Mais le « Sunshine State » a mal justifié son surnom, lui réservant un déluge. La candidate a interrompu son discours au bout de sept minutes.

Quelques instants après, elle reprenait sa campagne avec une conférence téléphonique adressée aux jeunes. « Tout le monde sur le pont ces trois prochains jours », a lancé Mme Clinton, qui a toutefois un rythme de réunions de campagne moins dense que son rival.

Donald Trump a affirmé samedi avoir rassemblé la veille à Hershey, en Pennsylvanie, davantage de monde que Jay Z, dont il a raillé le langage.

« Je ne peux même pas me référer à [ces gros mots] par leurs initiales, cela m'attirerait des problèmes », a-t-il déclaré. Il a assuré avoir réuni 27 000 partisans dans une salle ne pouvant contenir que 12 500 personnes.

Au sujet de l'actuelle offensive sur le bastion djihadiste de Mossoul, M. Trump a de nouveau critiqué que cette opération ait été annoncée à l'avance.

Après Beyoncé, Katy Perry

« Tant pis pour l'effet de surprise. Quelle bande de tocards nous avons », a-t-il jugé, sans craindre apparemment de choquer les militaires.

Hillary Clinton terminera la journée de samedi à Philadelphie, avec un concert de la chanteuse Katy Perry.

Les scandales qui continuent d'émailler la campagne ne semblent plus avoir de réel impact sur les électeurs, selon certains experts.

Parmi les derniers en date, l'agence Associated Press a rapporté que Melania Trump née en Slovénie, avait brièvement travaillé aux États-Unis dans les années 90 comme mannequin, malgré son visa qui lui interdisait tout emploi rémunéré.

Et, selon le Wall Street Journal, le tabloïd National Inquirer s'était assuré l'exclusivité d'un témoignage d'une ancienne mannequin de Playboy sur une liaison qu'elle aurait eue en 2006 avec Trump, avant d'enterrer l'histoire sans rien publier.