Donald Trump et Hillary Clinton ont encore lâché leurs coups mercredi dans la dernière ligne droite de la présidentielle américaine, échangeant des attaques d'une rare virulence et s'accusant mutuellement de pas être taillés pour la Maison-Blanche.

Le candidat républicain a été le premier à ouvrir le feu alors que le scrutin du 8 novembre approche à grands pas: l'élection de sa rivale risquerait de provoquer une «crise constitutionnelle sans précédent» aux États-Unis et même une «Troisième Guerre mondiale», a-t-il affirmé lors d'un rallye en Floride.

Longtemps à la peine dans les sondages, M. Trump a retrouvé un second souffle depuis la récente relance de l'enquête du FBI sur les courriels de son adversaire démocrate.

«C'est le plus grand scandale depuis le Watergate», l'affaire d'espionnage politique qui a contraint le président Richard Nixon à démissionner en 1974, a tonné le candidat depuis cet État-clé du scrutin qu'il sillonnait mercredi.

«Hillary va sûrement être sous le coup d'une enquête pour de nombreuses et nombreuses années, conduisant probablement à un procès pénal» a-t-il encore estimé, tout sourire, devant une foule de partisans appelant à placer l'ancienne secrétaire d'État «derrière les barreaux». 

Obama à la rescousse 

Attaquée sur sa probité depuis des mois, la candidate démocrate a vu son avance dans les sondages se réduire et a, elle aussi, décidé de ne plus retenir ses coups face à un rival qui a «passé sa vie à dénigrer, dégrader, insulter et agresser les femmes».

En déplacement mercredi dans le Nevada et l'Arizona celle qui ambitionne de devenir la première présidente des États-Unis devrait de nouveau s'en prendre à son adversaire, qui n'aurait pas, selon elle, le «tempérament» requis pour s'asseoir dans le bureau ovale.

Mme Clinton n'a même pas hésité à s'en prendre aux partisans de M. Trump en disant mardi en «avoir plus qu'assez» de leurs comportements «diviseurs et dangereux», augurant d'une difficile réconciliation entre les deux Amériques qui se font face dans ce scrutin.

La candidate a en tout cas pu une nouvelle fois compter sur le soutien du président Barack Obama. «Il n'y a qu'une seule candidate dans cette course qui a dédié sa vie entière à une meilleure Amérique et (...) c'est Hillary Rodham Clinton», a-t-il déclaré dans un discours à Chapell Hill, en Caroline du Nord.

«C'est la bonne personne, et elle arrive au bon moment», a-t-il ajouté, réaffirmant par ailleurs que M. Trump n'était pas «équipé» pour assurer la fonction suprême.

«Je n'ai pas envie de vous mettre la pression mais le sort de la république repose sur vos épaules», a-t-il lancé, avec une pointe d'humour, à son auditoire.

Dans un entretien publié plus tôt dans la journée, le président américain était déjà venu en aide à son ancienne secrétaire d'État (2009-2013) en critiquant à mots couverts le directeur du FBI James Comey, sur le grill pour avoir relancé l'enquête sur les emails la semaine dernière.

«Il existe une norme selon laquelle lorsqu'il y a des enquêtes, nous ne travaillons pas sur des insinuations, des informations incomplètes ou des fuites», a déclaré celui qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier. 

Inquiétudes des marchés 

Ce climat délétère sans précédent dans une élection américaine est encore plombé par les révélations quasi-quotidiennes de la presse ou la publication des emails de l'équipe de campagne de Mme Clinton par WikiLeaks.

Yahoo News a exhumé mercredi une vidéo de 1988 semblant révéler une certaine proximité entre Donald Trump et une figure réputée de la mafia, Robert LiButti.

Dans un registre moins sulfureux, le New York Times a révélé mardi que le magnat de l'immobilier avait utilisé, pendant les années 1990, des méthodes flirtant avec l'illégalité pour réduire sa facture fiscale de «plusieurs dizaines de millions de dollars».

L'issue du scrutin semble en tout cas très incertaine. Les enquêtes d'opinion donnent toujours l'avantage à la démocrate, mais leur moyenne établie par le site Real Clear Politics ne place plus Mme Clinton qu'à 2,2 points devant son adversaire (45,3% contre 43,1%) au niveau national.

Un nouveau sondage réalisé pour ABC News et publié mercredi donne même les deux candidats à égalité avec 46% des intentions de vote sur l'ensemble du pays.

Une autre enquête pour l'université de Quinnipiac les place au coude-à-coude en Floride ou en Caroline du Nord, soulignant que ce scrutin opposait deux des candidats les «plus impopulaires dans l'histoire américaine».

Cette incertitude persistante a plombé mercredi les principales places financières mondiales qui redoutent plus que tout l'arrivée de l'imprévisible M. Trump à la Maison-Blanche.