Hillary Clinton a tiré mardi à boulets rouges sur Donald Trump afin de stopper la dynamique en faveur du républicain, dopé par des sondages serrés qui ont mis les Américains sur les nerfs, à une semaine exactement de l'élection présidentielle américaine.

Reflétant la crainte des marchés d'une victoire du milliardaire populiste, Wall Street a terminé en légère baisse mardi, l'indice S&P 500 reculant de 0,7%. «Les prix du marché s'adaptent à une plus forte probabilité que Trump gagne la Maison-Blanche», analyse Jack Ablin, chez BMO Private Bank.

La candidate démocrate, qui faisait office de grande favorite jusqu'à la semaine dernière, reste la probable prochaine présidente des États-Unis: elle conserve 88% de chances de gagner mardi prochain, selon le modèle du New York Times, et 71% selon celui du site FiveThirtyEight.

Mais le rebondissement du week-end, avec la relance par le FBI de l'affaire de ses courriels, l'a forcée à changer de script pour la dernière ligne droite, en revenant aux attaques au vitriol contre l'impulsivité et l'impréparation de son adversaire, au lieu d'un message plus positif de mobilisation et de rassemblement.

Selon un sondage ABC-Washington Post, Donald Trump recueille 46% des intentions de vote contre 45% pour Hillary Clinton, une quasi-égalité statistique. D'autres gardent l'avantage à la démocrate. La tendance est au resserrement. 

Reine de beauté

Présentée par Alicia Machado, la reine de beauté 1996 qui raconte l'humiliation publique infligée par Donald Trump en raison de ses kilos en trop, Hillary Clinton a fait le florilège des propos outranciers, insultants et sexistes prononcés par son adversaire.

«Nous devons parler de choses qui, franchement, sont douloureuses. On ne peut pas passer l'éponge», a-t-elle dit à Dade City, en Floride, le grand État le plus disputé de cette élection, où les candidats ne cessent d'aller et venir.

«Il a passé sa vie à dénigrer, dégrader, insulter et agresser les femmes», a poursuivi la candidate, citant encore et encore des paroles de Donald Trump.

«Il nous a montré qui il était vraiment. Mardi, montrons-lui qui nous sommes», a martelé Hillary Clinton, appelant inlassablement ses partisans à se rendre aux urnes dès maintenant, ce qui est possible dans la majeure partie du pays.

«Rien n'indique selon nous que l'affaire du FBI ait un impact», assurait-on dans l'entourage d'Hillary Clinton, dans l'avion qui l'emmenait en Floride, évoquant des sondages internes confidentiels. «Nous pensons toujours avoir une avance substantielle».

Pays déchiré 

Dans le camp républicain, on cherchait à dissiper l'impression que le parti était moins organisé que les démocrates dans le maillage du terrain. Chris Carr, directeur politique du parti, a annoncé que la petite armée de bénévoles républicains avait frappé à plus de portes qu'en 2012, au même stade de la course.

Donald Trump, lui, continuait de braconner sur les terres démocrates, par où une victoire le 8 novembre passe forcément.

Après un discours près de Philadelphie, en Pennsylvanie, il est arrivé à Eau Claire, dans le Wisconsin, où il tente une percée grâce aux cols bleus.

Pour l'ancienne secrétaire d'État, la campagne se termine comme elle avait commencé, en avril 2015, dans l'ombre de sa décision malheureuse d'utiliser un serveur privé au lieu d'un compte courriel gouvernemental et sécurisé pour communiquer de 2009 à 2013, lorsqu'elle dirigeait la diplomatie, au risque de disséminer des informations confidentielles sur des réseaux privés.

L'enquête subséquente du FBI avait été classée sans suite en juillet, mais les détracteurs républicains d'Hillary Clinton n'ont jamais abandonné leurs critiques, et se sont sentis vengés par la relance des investigations par le FBI, annoncée par son directeur James Comey vendredi et créant une tempête politique.

Quoi qu'il arrive, les Américains se réveilleront le 9 novembre dans un pays déchiré.

Environ six électeurs d'Hillary Clinton sur dix disent avoir du mal à éprouver du respect pour les partisans de Donald Trump, selon un sondage Pew Research. La proportion est encore plus élevée chez les femmes, et chez les hauts diplômés.

Chez les supporteurs du républicain, beaucoup moins (40%) disent avoir du mal à respecter les partisans de l'autre bord.

Dans ce climat à feu et à sang, la chaîne de cafés Starbucks a dévoilé mardi un nouveau «gobelet de l'unité», vert, avec en motifs les silhouettes mêlées d'une centaine de personnes de divers milieux.

PHOTO AP

Donald Trump a livré un discours à Eau Claire, dans le Wisconsin, où il tente une percée grâce aux cols bleus.