Bousculée par le nouvel épisode de l'affaire de ses courriels, la candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton est revenue lundi à une recette éprouvée: dénoncer le danger représenté selon elle par un Donald Trump à la tête de l'arsenal nucléaire américain.

À huit jours de la fin du vote pour élire le successeur de Barack Obama, le 8 novembre, le candidat républicain a quant à lui chassé sur les terres démocrates, dans l'espoir de profiter de la relance il y a trois jours par le directeur du FBI des investigations sur la messagerie privée utilisée par Hillary Clinton lorsqu'elle dirigeait la diplomatie de 2009 à 2013. Une affaire qui avait été classée en juillet, et qui revient empoisonner la fin de campagne.

«Si Hillary est élue, elle fera l'objet d'une enquête pénale prolongée, et probablement d'un procès pénal», a déclaré Donald Trump lors d'une réunion à Grand Rapids, dans le Michigan, un Etat gagné par Barack Obama. «C'est elle la seule responsable».

«Son élection enfoncerait l'État et notre pays dans une crise constitutionnelle», a-t-il affirmé.

Quelques heures plus tard, le milliardaire new-yorkais clamait avoir le vent en poupe, martelant son message anti-système.

«Dans huit jours, vous obtiendrez le changement que vous avez attendu toute votre vie», a-t-il dit à Warren.

La démocrate, elle, a appelé les électeurs au sang-froid dans cette ultime tempête.

L'ancienne secrétaire d'État a dénoncé l'impulsivité supposée du milliardaire.

«Imaginez-le dans le Bureau ovale, confronté à une vraie crise», a déclaré Hillary Clinton à Cincinnati, dans l'Ohio (nord), l'un des États qui pourraient basculer du côté républicain.

«Imaginez-le-nous empêtrer dans une guerre parce que quelqu'un l'aurait froissé. J'espère que vous aurez cela en tête en glissant votre bulletin dans l'urne», a-t-elle lancé.

Elle s'est prévalue du soutien de dix ex-officiers chargés du lancement des missiles balistiques nucléaires, qui ont écrit une lettre ouverte contre Donald Trump. L'un d'eux, Bruce Blair, l'a présentée sur scène lors d'une réunion.

Gageure pour Trump

Les sondages se sont nettement resserrés depuis deux semaines, mais la déclaration surprise du directeur du FBI vendredi ne semble pas avoir rebattu les cartes, selon les premières enquêtes d'opinion.

Une enquête NBC publiée lundi crédite la démocrate de 47% des intentions de vote contre 41% pour le républicain. Une autre, réalisée elle entièrement ce week-end, lui donne trois points d'avance.

Pour le milliardaire, le scénario d'une victoire reste le plus difficile.

Sa «base» d'États conservateurs est moins riche en grands électeurs que celle de la démocrate. Les Américains éliront le 8 novembre des grands électeurs État par État, qui désigneront ensuite le président.

Ce qui explique les déplacements du républicain au Nouveau-Mexique, dans le Michigan et le Wisconsin, trois États gagnés par Barack Obama et ainsi peints en bleu, la couleur démocrate, sur les cartes électorales.

«Donald Trump doit remporter un État bleu ou deux, en plus de gagner tous les États où l'issue est incertaine», dit à l'AFP Larry Sabato, politologue de l'université de Virginie.

«Il doit gagner presque tout», résume cet expert.

Feu sur le FBI

Le camp Clinton a redoublé ses attaques lundi contre ce qu'il estime être une interférence politique de James Comey qui, selon eux, n'avait pas à informer le Congrès du fait que ses enquêteurs avaient découvert de nouveaux courriels susceptibles d'être pertinents dans l'affaire de la messagerie, close en juillet.

Comme secrétaire d'État, Hillary Clinton a communiqué via un serveur privé au lieu d'un compte gouvernemental sécurisé. Les enquêteurs ont estimé en juillet que des poursuites n'étaient pas justifiées, malgré une «négligence extrême».

«Le dossier est vide», a assuré Mme Clinton. «Je suis certaine qu'ils parviendront à la même conclusion que lorsqu'ils avaient analysé mes courriels l'an dernier».

Son directeur de campagne est allé plus loin en dénonçant un «deux poids, deux mesures» flagrant de la part de M. Comey.

Il a cité un article de la chaîne CNBC rapportant que le directeur du FBI s'était opposé au communiqué publié début octobre par le gouvernement américain et qui a désigné la Russie pour des tentatives d'interférences dans le processus électoral américain, via le piratage du parti démocrate.

«Que le directeur Comey soit plus discret concernant un État étranger que pour la candidate démocrate à la présidence est absolument choquant», a dénoncé Robby Mook.