Donald Trump a manqué une occasion de prendre l'avantage lors du dernier débat de la campagne présidentielle américaine contre Hillary Clinton, semant le trouble par sa menace de refuser le verdict des urnes le 8 novembre.

Le couple Obama pourrait mettre à profit ce faux pas jeudi, le président démocrate américain devant sonner le rappel lors d'un rassemblement à Miami. Il avait enjoint Donald Trump mardi à cesser de « pleurnicher ». Michelle Obama, populaire porte-voix d'Hillary Clinton, sera dépêchée dans l'État conservateur de l'Arizona, soudaine cible de démocrates devenus très optimistes.

Le candidat républicain avait pourtant bien démarré ce troisième débat, mercredi soir à Las Vegas, en rattrapant ses travers des deux premiers duels. Plus méthodique, visiblement mieux préparé, il a multiplié les appels du pied à la base conservatrice, sur l'avortement, l'immigration ou les armes à feu.

Mais ces échanges ont été balayés par le refus stupéfiant du milliardaire populiste de s'engager à respecter les résultats de l'élection au soir du 8 novembre, désavouant au passage son colistier, Mike Pence.

Une attitude provocante au moment où l'écart se creuse avec Hillary Clinton dont la cote dans les sondages est au plus haut depuis son investiture en juillet. Elle recueille plus de 45 % des intentions de voix contre 39 % pour Donald Trump et 6,5 % pour le libertarien Gary Johnson.

« Je verrai à ce moment-là », a déclaré Donald Trump, lorsqu'il a été interrogé en fin de débat pour savoir si, le cas échéant, il reconnaîtrait sa défaite. Il a affirmé vouloir garder « le suspense » au risque d'ébranler la confiance dans le processus démocratique américain. La menace rappelle celle d'août 2015, quand il avait refusé de s'engager à soutenir le futur vainqueur des primaires républicaines.

Il justifie ce refus par l'existence, selon lui, de fraudes électorales massives, contestées par son premier cercle.

« C'est terrifiant », a répliqué Hillary Clinton, bondissant sur l'occasion et le traitant de mauvais perdant. « Dès que Donald pense que les choses ne vont pas dans son sens, il affirme que tout est truqué contre lui ».

Angoisses républicaines

Le patron du parti, Reince Priebus, a contredit son porte-flambeau sur MSNBC, car une autre angoisse taraude l'état-major républicain : la majorité du Congrès, remise en jeu lors des législatives qui auront lieu le même jour que la présidentielle.

« Hillary Clinton gagnera très probablement l'élection, mais la question devient : quel sera l'effet sur les candidats républicains au Sénat et à la Chambre des représentants », souligne Robert Erikson, professeur de sciences politiques à l'université Columbia à New York.

« Les républicains ont peur de ce que fera Donald Trump dans les trois prochaines semaines », dit cet expert à l'AFP.

Avant de quitter Las Vegas, Hillary et Bill Clinton ont savouré l'ovation de plus de 5000 partisans réunis en plein air. « Notre pays vaut mieux que Donald Trump », a lancé l'ancienne première dame, bras dessus, bras dessous avec l'ancien président démocrate, assuré d'avoir un rôle économique en cas de retour des Clinton à la Maison-Blanche, 24 ans après.

À bord de l'avion qui l'a ramenée à New York lors d'un vol nocturne, la candidate « soulagée » a déploré que son adversaire « cherche à rejeter la responsabilité de sa campagne sur les autres ».

Donald Trump, lui, est reparti illico pour l'Ohio, où il reprendra les rassemblements jeudi.

Après cette finale au vitriol, les deux candidats se retrouveront jeudi au même dîner de gala caritatif Alfred Smith à New York, une tradition où les candidats à la Maison-Blanche sont censés débiter des plaisanteries l'un sur l'autre dans une ambiance bon enfant.

Le débat de mercredi était la dernière occasion pour Donald Trump de s'exprimer devant autant d'Américains à la fois, probablement des dizaines de millions.

« Lors des élections précédentes, les dernières semaines ont rarement vu de grands changements », dit à l'AFP Andrew Gelman, spécialiste des prédictions électorales à Columbia. « Je ne suis pas sûr qu'il dispose d'autres occasions pour convaincre les électeurs ».