« C'est la démocratie même qui est en jeu » : à 25 jours de l'élection présidentielle américaine, Barack Obama a livré un réquisitoire cinglant contre Donald Trump, lors d'une réunion de soutien à Hillary Clinton.

Alors que Donald Trump est entraîné dans un cycle infernal de polémiques, la favorite démocrate pour le scrutin du 8 novembre se fait à l'inverse volontairement discrète, laissant pour quelques jours ses puissants soutiens comme le président américain s'adonner au travail de démolition du milliardaire.

« Le savoir-vivre est en jeu dans cette élection. La tolérance est en jeu. La courtoisie est en jeu. L'honnêteté est en jeu. L'égalité est en jeu. La bienveillance est en jeu », a énuméré M. Obama à Cleveland, dans l'État-clé de l'Ohio.

Donald Trump « menace d'emprisonner ses opposants politiques. Ou de faire taire les médias. Il salue l'ingérence des Russes dans notre processus électoral, et suggère maintenant que si la campagne ne se déroule pas comme il l'entend, ce n'est pas à cause de ce qu'il a dit, mais parce que l'élection est truquée et que c'est une imposture. Vous savez, certains pays fonctionnent comme ça, et ce sont des tyrannies qui pratiquent l'oppression », a souligné M. Obama.

Le président américain a également éreinté Donald Trump pour avoir affirmé, la veille lors d'un rassemblement, qu'Hillary Clinton participait à un complot avec des « banques internationales pour détruire la souveraineté américaine afin d'enrichir ces pouvoirs financiers mondiaux, ses amis de groupes d'intérêts et ses donateurs ».

Or « cet homme passait tout son temps à essayer de convaincre le monde entier qu'il faisait partie de l'élite globale ! » s'est exclamé Barack Obama.

Et l'allié d'Hillary Clinton s'est moqué des « excuses » que Donald Trump cherchait pour expliquer son dévissage dans les sondages. « Je trouve toujours intéressant de voir ces gens qui jouent les durs en paroles, mais pas en actes ».

Les « preuves » de Trump

Le républicain continuait cependant sa furieuse campagne pour répliquer au déluge d'accusations de comportement déplacé ou d'agression sexuelle formulées par plusieurs femmes depuis le week-end, après l'exhumation d'une vidéo accablante de 2005.

Vendredi une nouvelle accusatrice, Kristin Anderson, s'est jointe à elles, racontant au Washington Post qu'au début des années 1990, dans un club de New York, Donald Trump avait touché son vagin à travers ses sous-vêtements en mettant sa main sous sa jupe. Des faits niés par l'intéressé, selon une porte-parole.

« Je ne sais même pas qui sont ces personnes. C'est une honte », avait déclaré Donald Trump jeudi.

Le milliardaire républicain accuse les médias de se liguer contre lui, et son entourage prévoit de contre-attaquer vendredi.

« Avant la fin de la journée, des preuves seront rendues publiques pour remettre en cause ces allégations », a promis Mike Pence, le colistier de Donald Trump, sur la chaîne CBS.

Par contraste, la candidate démocrate fait campagne quasiment comme une présidente sortante, sûre de son avantage avec plus de cinq points d'avance dans les sondages.

Il y a quatre ans jour pour jour, le candidat républicain Mitt Romney faisait deux grands rassemblements. La même semaine, il en faisait onze au total. Hillary Clinton ? Seulement cinq, rassemblés entre lundi et mercredi.

Depuis jeudi, elle participe à des réunions de collectes de fonds sur la côte ouest, et a accordé une interview pour l'émission d'Ellen DeGeneres à Los Angeles. « Je ne veux pas que les gens croient que cette élection est finie, car tout a été si imprévisible jusqu'à présent. Mais je ne tiens rien pour acquis. Nous devons travailler très dur dans les trois prochaines semaines et demie », a-t-elle dit à la présentatrice vedette.

Son calendrier dit l'inverse. Sa prochaine apparition publique pourrait n'être que le troisième et dernier débat contre Donald Trump, mercredi à Las Vegas.

La crise au Parti républicain se poursuivait cependant.

De nombreux élus inquiets pour leur réélection au Congrès le 8 novembre ont pris leurs distances avec Donald Trump, mais certains ont fait marche arrière en affirmant qu'ils voteraient malgré tout pour lui afin de stopper Hillary Clinton, ou d'empêcher la Cour suprême de tomber à gauche, puisque le successeur de Barack Obama pourrait y nommer un ou plusieurs juges.