Depuis des mois, inlassablement, l'ancien président Bill Clinton fait campagne pour sa femme candidate à la Maison-Blanche. Mais est-ce toujours à son avantage ? Une récente gaffe supposée a relancé le débat.

En campagne à Flint dans le Michigan, M. Clinton, 70 ans, s'est emporté cette semaine contre la réforme de l'assurance-maladie, réalisation phare du président Obama.

« Nous avons ce système fou où 25 millions de personnes de plus sont assurées, mais ceux qui se démènent et travaillent 60 heures par semaine finissent par payer deux fois plus qu'avant, avec une couverture divisée par deux », s'est indigné Bill Clinton.

Le républicain Donald Trump - qui, s'il l'emporte contre Hillary Clinton, a promis d'abroger la réforme surnommée « Obamacare » - en a fait des gorges chaudes en rassemblements, remerciant même Bill Clinton d'avoir été « honnête » et d'avoir « dit la vérité ».

L'ancien président démocrate a le lendemain tenté de calmer le jeu, expliquant qu'il s'était battu pour la réforme, que certains problèmes devaient être réglés, et que c'était l'intention de sa femme. Et il a plaisanté sur le fait que « tout ce que vous dites peut être retenu contre vous ».

Infatigable, il était vendredi dernier à Jérusalem pour les obsèques de l'ancien président israélien Shimon Peres. Lundi, il avait déjà repris la campagne pour Hillary Clinton à Flint.

Mardi et mercredi, il voyageait dans l'Ohio à bord d'un énorme bus, toujours pour sa femme : trois rencontres publiques, des escales dans un restaurant, un café, un marchand de glaces, chez un coiffeur...

Les cheveux blancs, aminci depuis qu'il est devenu végétalien à la suite de problèmes de santé en 2010, il a posé pour des égoportraits, serré des mains, encouragé les gens à aller voter. Son bus est même tombé en panne. « J'ai aimé chaque kilomètre », a-t-il tweeté.

Infidélités passées

Mais il voyage avec un bagage : Donald Trump a récemment commencé à évoquer dans la campagne ses infidélités passées.

Le républicain a également épinglé la Fondation Clinton, créée par l'ancien président, évoquant de supposés trafics d'influence quand Hillary Clinton était secrétaire d'État.

Et la sortie de Bill Clinton sur « Obamacare » a rappelé certaines gaffes passées, comme d'être monté discuter fin juin dans l'avion de la ministre de la Justice Loretta Lynch, croisée à Phoenix (Arizona), alors que le FBI achevait son enquête sur les courriels d'Hillary Clinton.

Ils n'avaient selon Mme Lynch évoqué aucun dossier, mais la rencontre avait consterné les démocrates et les républicains avaient crié au loup.

En février à Memphis (Tennessee), durant la campagne des primaires, Bill Clinton avait aussi au détour d'une phrase affirmé que Barack Obama n'était pas un président « qui fait changer les choses ».

En avril à Philadelphie (Pennsylvanie), il s'était pris de bec avec des manifestants du mouvement « Black Lives matter » (la vie des noirs compte).

Pourtant, selon les experts, le Bill Clinton de 2016 qui la plupart du temps se contente d'enchaîner anecdotes, plaisanteries et attaques contre Donald Trump est une aide pour sa femme plutôt qu'une gêne.

À l'inverse de 2008, quand il s'était embarqué dans une féroce bataille contre Barack Obama lors des élections primaires.

« De temps en temps, il dit quelque chose qu'il ne devrait pas », explique Linda Fowler, experte du Dartmouth College, dans le New Hampshire. « Mais il est encore populaire dans beaucoup d'endroits. Et il aide les démocrates à lever des fonds, ce qui est très important. Il y a un bénéfice net pour la campagne ».

Ce couple politique hors norme ne fait jamais campagne ensemble.

Si Hillary Clinton gagne la Maison-Blanche, l'ancien président suivra. Une situation inédite qui promet d'être « un défi », selon Mme Fowler. Nul ne sait vraiment ce qu'y fera Bill Clinton.