L'insouciante image d'une grenouille à la peau verte et aux lèvres rouges, le « mème » internet Pepe the Frog, a été intégrée à la liste des symboles racistes de la Ligue anti-diffamation (ADL) après avoir fait intrusion dans la campagne présidentielle américaine.

L'ADL, une des plus importantes organisations de lutte contre l'antisémitisme et le racisme aux Etats-Unis, classe désormais « Pepe the Frog » dans la même liste que la croix gammée ou le drapeau confédéré, car ce symbole est utilisé « pour suggérer des notions racistes, antisémites ou sectaires ».

« Pepe the Frog n'avait initialement pas de connotations antisémites », relève toutefois l'ADL dans un communiqué publié mardi au sujet du personnage tiré d'une bande dessinée de l'artiste Matt Furie.

La grenouille était un phénomène internet, un « mème » largement diffusé et détourné avec humour, avant d'être récemment affublée d'une moustache d'Adolf Hitler, d'une kippa ou d'une cagoule du Ku Klux Klan.

« Une fois encore, des personnes racistes ont pris un mème internet populaire et l'ont déformé pour servir leurs propres objectifs qui consistent à répandre le sectarisme et à harceler les utilisateurs » de réseaux sociaux, a déploré le président d'ADL, Jonathan A. Greenblatt.

Pepe the Frog avait même fait intrusion dans la campagne présidentielle américaine après des propos d'Hillary Clinton ayant estimé que la moitié des partisans de son adversaire Donald Trump pouvaient être « placés dans le panier des pitoyables (...) les racistes, sexistes, homophobes, xénophobes, islamophobes. À vous de choisir ».

Le fils du candidat républicain, Donald Trump Jr. avait alors riposté en diffusant sur Instagram une parodie de l'affiche du film The Expandables rebaptisé « The Deplorables » (les pitoyables, en anglais) et montrant son père entouré de Pepe the Frog et de plusieurs figures conservatrices.

L'équipe de campagne d'Hillary Clinton avait alors publié un texte intitulé « Donald Trump, Pepe the Frog et les partisans de la suprématie blanche: une explication », qui mettait en garde contre l'utilisation « sinistre » du mème internet et se concluait par une incitation à aller voter lors du scrutin du 8 novembre.