La mauvaise semaine de Donald Trump, au plus bas dans les sondages et critiqué dans son propre parti, continue: un ancien patron de la CIA l'a accusé vendredi d'être un agent russe involontaire.

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Michael J. Morell, ancien directeur par intérim et directeur adjoint de la CIA de 2010 à 2013, a signé une tribune cinglante dans le New York Times pour annoncer qu'il voterait pour Hillary Clinton en novembre, la première fois que cette personnalité du monde du renseignement sort de sa réserve.

«Donald J. Trump n'est non seulement pas qualifié pour le poste, mais il pourrait aussi représenter une menace pour notre sécurité nationale», écrit-il.

L'ex-maître espion estime en outre que le président russe, Vladimir Poutine, a complimenté M. Trump dans le but de l'amadouer au début des primaires, et que Donald Trump a en retour fait part de son admiration pour les qualités de «leader» du président Poutine.

«Dans le monde du renseignement, nous dirions que M. Poutine a recruté M. Trump comme un agent de la Fédération de Russie sans qu'il s'en rende compte», accuse Michael Morell.

Son nom s'ajoute à la longue liste d'anciens responsables gouvernementaux dans le domaine de la sécurité nationale, y compris républicains, ayant dénoncé Donald Trump et, pour certains, ayant appelé directement à voter pour la candidate démocrate.

Bien que l'effet sur l'électorat de ces dénonciations, issues de personnalités peu connues du grand public, reste à prouver, elles illustrent l'inquiétude croissante d'une partie de la classe dirigeante vis-à-vis de la personnalité et de la stabilité de Donald Trump, au-delà des divergences de politique étrangère.

«Je suppose que c'est la même CIA qui avait dit au président que l'EI (organisation État islamique) était une équipe d'amateurs», a répliqué le colistier de Donald Trump, Mike Pence, sur NBC. 

Clinton et les courriels 

Le président Barack Obama a publiquement déclaré cette semaine Donald Trump inapte à assumer la fonction suprême.

Le républicain commencera dans les deux prochaines semaines à recevoir des briefings confidentiels des services de renseignement américains, selon son directeur de campagne, Paul Manafort, sur Fox News vendredi. Cette tradition vise à préparer les deux principaux candidats présidentiels avant leur éventuelle prise de fonctions.

«S'ils veulent devenir président, il faut qu'ils se comportent comme des présidents», a prévenu Barack Obama jeudi. «Et cela signifie pouvoir assister à ces briefings sans en révéler le contenu».

Par ailleurs le candidat républicain a semé le trouble dans l'affaire révélée mercredi de la livraison de 400 millions de dollars en devises à l'Iran par les États-Unis en janvier, un paiement présenté par Washington comme nécessaire pour régler un ancien différend commercial entre les deux pays, mais que les républicains ont dénoncé comme une rançon pour la libération d'otages, en marge d'un accord nucléaire.

Lors d'un rallye mercredi, Donald Trump a affirmé avoir visionné une «vidéo militaire» fournie par l'Iran montrant le déchargement de l'argent. Il s'est corrigé vendredi, écrivant sur Twitter qu'il avait en fait vu à la télévision l'avion des otages débarquant à Genève.

AFP

Michael Morell 

Les républicains tentaient avec insistance de changer de sujet en revenant à la question du manque de confiance qu'ont les Américains en Hillary Clinton, en raison notamment de l'affaire de sa messagerie privée, utilisée lorsqu'elle était secrétaire d'État. Elle n'a pas été inculpée mais le directeur du FBI, James Comey, l'a épinglée début juillet pour sa «négligence extrême».

Hillary Clinton est critiquée pour avoir affirmé dimanche dans une interview que M. Comey avait dit qu'elle avait dit la vérité dans cette histoire. Vendredi, elle a dû reconnaître qu'elle avait fait un raccourci, un «court-circuit».

«Cela ne me procure aucun plaisir d'entendre ce que les gens disent de moi, et j'admets que j'ai encore du travail à faire», a-t-elle aussi dit de la méfiance manifestée par une majorité d'Américains à son égard, lors d'une conférence de journalistes noirs et hispaniques à Washington.

Toujours est-il qu'Hillary Clinton a fortement accru son avance dans les sondages depuis la fin de la convention démocrate, la semaine dernière.

Elle recueille en moyenne 47,3% des intentions de vote contre 40,5% pour Donald Trump, selon le site Real Clear Politics. Un sondage la place même en tête dans l'État très conservateur de Géorgie, qui n'a pas voté démocrate à une présidentielle depuis 1992.