En 2008, puis en 2012, elle avait vanté les vertus de son mari pour la Maison-Blanche. Lundi à Philadelphie Michelle Obama a défendu avec passion et brio Hillary Clinton, une femme qui «n'abandonne jamais».

«Dans cette élection, je suis avec elle», a lancé l'épouse de Barack Obama dans un discours enlevé qui a fait se lever la foule de l'immense salle, jusque là un peu assoupie, qui accueille la convention démocrate.

Très à l'aise au pupitre, regard déterminé, large sourire, la Première dame a fait le lien permanent entre le destin de la candidate et le monde qu'elle appelle de ses voeux pour ses deux filles, Malia (18 ans) et Sasha (15 ans).

«Le langage de haine qu'elles entendent à la télévision ne représente pas l'esprit de ce pays», a-t-elle lancé, évoquant, sans le nommer, le milliardaire Donald Trump qui portera les couleurs républicaines lors de la présidentielle du 8 novembre.

«Nous savons que nos mots et nos actes ont de l'importance», a martelé Michelle Obama qui aura 53 ans lorsqu'elle quittera la Maison-Blanche en janvier 2017.

«Qui aura le pouvoir d'influencer nos enfants pour les 4 ou 8 prochaines années de leur vie ?», s'est-elle encore interrogée, avant d'énumérer les qualités de l'ancienne rivale de son mari lors de la primaire de 2008, une femme «qui ne faiblit jamais sous la pression», «qui n'a jamais abandonné de sa vie».

Armée d'une cote de popularité inoxydable (solidement accrochée au-dessus de la barre des 60%), la Première dame des États-Unis, est depuis plusieurs années un atout de taille pour les démocrates. Elle est très sollicitée par les candidats au Congrès pour galvaniser les foules et par le parti pour lever des fonds.

«Le courage et la grâce» 

La Première dame des États-Unis a aussi salué le «courage et la grâce» de celle qui s'est inlassablement battue pour tenter de «briser le plafond de verre» (terminologie imagée qui désigne les barrières invisibles qui entravent la carrière des femmes).

«Grâce à Hillary Clinton, mes filles et tous nos enfants considèrent désormais comme évident qu'une femme peut devenir présidente des États-Unis», a-t-elle conclu sous un tonnerre d'applaudissements.

Au-delà d'une aversion réelle pour tout ce que représente Donald Trump (le ton, le style, le rapport au monde), l'intérêt politique pour le couple Obama d'un troisième mandat démocrate à la Maison Blanche est évident.

«Michelle Obama est consciente qu'il s'agit d'un moment politique crucial et de l'importance que cette élection aura sur la façon dont sera jugé le bilan de son mari», souligne Peter Slevin, professeur à Northwestern University, auteur d'une biographie de la Première dame.

Réforme du système de santé, engagements sur le climat, accord sur le nucléaire iranien ou encore main tendue à Cuba: Barack Obama sait que si le magnat de l'immobilier l'emporte le 8 novembre, il détricotera tout ou partie de ses avancées emblématiques.

Son aisance dans l'arène politique alimente depuis près de huit ans les rumeurs et interrogations sur ses ambitions électorales.

Mais la fille de petits employés qui sortit diplômée de Princeton et de Harvard, deux des plus prestigieuses universités américaines, a clairement indiqué qu'elle ne se lancerait pas dans l'arène.

«Si elle a démontré qu'elle était douée pour faire passer des messages politiques, je pense qu'elle ne supporterait pas l'idée d'être candidate, de lever des fonds et se plier à toutes les contraintes d'une vie politique», estime Peter Slevin.

N'est-il pas pas possible de la convaincre de changer d'avis et de se lancer, à l'avenir, dans la bataille? Interrogé, pour la énième fois en début d'année, sur les intentions de sa femme, Barack Obama a tenté de clore le débat, une fois pour toutes.

Il y a trois certitudes dans la vie, avait énoncé, amusé, le 44e président des États-Unis: les impôts, qui ne vous oublient jamais, la mort, qui nous rattrapera tous, et «le fait que Michelle ne sera pas candidate à la présidence»

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Bill Clinton applaudit pendant le discours de Michelle Obama.