« Nous ne pouvons nous permettre de verser dans la rectitude politique. » Avec cette phrase, Donald Trump a mis la table jeudi pour son discours d'acceptation comme candidat du Parti républicain, point final à une convention républicaine mouvementée.

L'homme d'affaires, qui soulève les passions depuis qu'il est entré dans l'arène politique il y a un an, n'a pas adouci ses propos pour plaire à un plus grand électorat. Il a plutôt persisté et signé.

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Fidèle aux discours controversés qu'il a prononcés depuis le début de sa campagne il y a un an, il s'en est pris à ses cibles préférées : Hillary Clinton et les immigrés « illégaux », promettant de ramener « la loi et l'ordre » s'il est élu président des États-Unis.

>>> Le discours de Donald Trump (en anglais)

« Mon message à vous tous est le suivant : la criminalité et la violence qui affligent aujourd'hui notre pays vont bientôt cesser. À partir du 20 janvier 2017 [jour de l'inauguration], ce sera le retour à la sécurité », a-t-il dit, peignant le portrait d'une Amérique au bord de la déchéance.

Devant un aréna bondé et très réactif, M. Trump a notamment accusé les immigrés sans papiers d'être à l'origine du climat d'insécurité dans le pays. « Près de 180 000 immigrés illégaux avec des antécédents criminels, et qui ont reçu des avis d'éviction du pays, sont libres ce soir de menacer nos citoyens », a-t-il dit.

En réponse, les délégués rassemblés dans l'aréna Quicken Loans, ont scandé « Bâtissez ce mur ! », faisant écho à la promesse du candidat républicain de bâtir un mur entre les États-Unis et le Mexique. « Nous allons construire un mur à la frontière pour freiner l'immigration illégale, pour arrêter les gangs et la violence et pour prévenir l'entrée de drogues illicites dans nos communautés », a répété jeudi le politicien néophyte, qui a aussi attribué aux immigrés la baisse des salaires et la hausse du taux de chômage.

« ENFERMEZ-LA ! »

Donald Trump a aussi attaqué de plein front sa rivale démocrate, Hillary Clinton, accusant l'ancienne secrétaire d'État d'être à l'origine de l'instabilité mondiale et de la prolifération du terrorisme. « L'Amérique est moins en sécurité, et le monde plus instable, depuis qu'Obama a pris la décision de donner la responsabilité de la politique étrangère américaine à Hillary Clinton. 

« Après quatre ans d'Hillary, qu'avons-nous ? Le groupe État islamique a pris de l'expansion dans toute la région et à travers le monde. La Libye est en ruine [...]. L'Irak est en plein chaos. L'Iran est en voie d'obtenir des armes nucléaires. La Syrie est en pleine guerre civile et la crise des réfugiés menace l'Occident. »

- Donald Trump

Hillary Clinton a opposé un « nous valons mieux que ça » sur Twitter au discours de son opposant républicain.

À Trump qui affirmait aux électeurs américains, « Je suis votre voix », Hillary Clinton a répondu dans un autre tweet : « Vous n'êtes pas notre voix. » Et sur son compte Twitter en espagnol, elle a rétorqué au magnat qui rappelait vouloir construire « un grand mur à la frontière » avec le Mexique, contre l'immigration illégale : « Oui, nous construirons un mur entre toi et la présidence, Donald Trump. »

INVITATION AUX DÉMOCRATES

Revenant sur le thème des traités de libre-échange, Donald Trump a tendu une perche aux partisans de Bernie Sanders, les invitant à se joindre à son « mouvement ». « Nous allons nous occuper de la question la plus importante : le commerce international. Des millions de démocrates vont se joindre à nous parce que nous allons réparer le système pour qu'il fonctionne pour tous les Américains », a dit Donald Trump.

À la fin de son discours, sa femme, ses enfants et son colistier Mike Pence l'ont rejoint sur scène alors que 120 000 ballons tombaient sur les délégués rassemblés.

PHOTO DOMINICK REUTER, AFP

Donald Trump sur scène aux côtés de son colistier, Mike Pence 

PHOTO Robyn BECK, AFP

Donald Trump 

ROSE IVANKA

Le ton quasi guerrier de Donald Trump lors de son discours a détonné jeudi avec l'allocution de sa fille aînée, Ivanka, qui l'avait précédé sur scène. Partenaire d'affaires de son père, la mère de trois enfants a brossé le portrait d'un homme sensible à la situation des femmes, un segment de l'électorat largement réfractaire à la candidature de M. Trump.

« Mon père croit que les femmes doivent être payées le même salaire que les hommes pour le même travail. Et il croit que quand une femme devient une mère, elle doit être soutenue, pas exclue. »

- Ivanka Trump

« Le 20 janvier [jour de l'inauguration présidentielle], tout sera possible à nouveau. Nous pourrons rêver et penser grand à nouveau. Mon père sera votre champion », a lancé Ivanka Trump avant d'accueillir son père sur scène.

« FIER D'ÊTRE GAI »

Une des surprises de la soirée a été le discours de Peter Thiel, le milliardaire qui a fondé PayPal. L'homme d'affaires a parlé ouvertement de son orientation sexuelle. « Je suis fier d'être gai. Je suis fier d'être républicain. Mais je suis surtout fier d'être Américain », a-t-il dit, recevant une ovation debout, et ce, même s'il a affirmé s'opposer à certains segments du programme du Parti républicain. « Je ne prétends pas être d'accord avec chaque ligne dans la plateforme du parti, a dit M. Thiel, mais les fausses guerres culturelles nous détournent du déclin économique de ce pays. Et Donald Trump est le seul dans cette course à avoir l'honnêteté de le dire », a-t-il dit à une foule enthousiaste.

TED CRUZ RÉPRIMANDÉ

Si la soirée de jeudi s'est déroulée sans anicroche, la quatrième et dernière journée de la convention a débuté dans la controverse. Après avoir été hué mercredi soir lorsqu'il a refusé de donner son appui à Donald Trump et a invité les délégués républicains à « voter selon leur conscience », le sénateur Ted Cruz en a rajouté une couche. Lors d'un échange avec la délégation texane, le numéro deux de la course à l'investiture a expliqué qu'il « n'est pas un chien servile » et n'a pas l'habitude d'appuyer « les gens qui insultent [sa] femme et [son] père ».

En conférence de presse, le chef de la campagne de Donald Trump, Paul Manafort, a tenté de minimiser l'incident, mais a accusé M. Cruz d'avoir violé son propre engagement en montant sur scène sans se rallier au candidat officiel.

La délégation texane, qui a rencontré M. Cruz jeudi matin, était partagée à l'égard du sénateur. « Beaucoup de délégués sont déçus par son comportement. Le parti doit être uni, a dit à La Presse Jessica Dorsey, une déléguée du Texas âgée de tout juste 18 ans. Mais nous aimons toujours Ted Cruz, ajoute-t-elle. C'est un politicien du Texas et il se tient debout pour ses principes. On ne peut pas lui en vouloir d'avoir agi selon sa conscience. »

Tentative de mutinerie, plagiat détecté dans le discours de Melania Trump, affront de Ted Cruz : la convention républicaine a été secouée à maintes reprises cette semaine. La journée de jeudi semble avoir été l'exception.

«Nous valons mieux que cela», a-t-elle simplement tweeté, au beau milieu du discours de son rival républicain qu'elle affrontera en face à face le 26 septembre, lors du premier d'une série de trois débats présidentiels.

PHOTO Jonathan Ernst, archives REUTERS

Ivanka Trump

«Nous valons mieux que ça», lance Hillary Clinton

Hillary Clinton a opposé un « nous valons mieux que ça » sur Twitter au discours jeudi de son opposant républicain dans la course à la Maison-Blanche, Donald Trump, qui a critiqué avec virulence son passage à la tête de la diplomatie américaine.

La candidate démocrate a occupé une large part du discours d'investiture du milliardaire américain, qui a dénoncé son bilan de secrétaire d'État (2009-2013) sous les huées du public qui criait « Enfermez là » à l'adresse de l'ex-première dame.

PHOTO John GURZINSKI, AFP

Hillary Clinton 

Le bilan d'Hillary Clinton est la « mort, la destruction, le terrorisme et l'affaiblissement », a-t-il martelé.

Il a critiqué le soutien d'Hillary Clinton à l'accueil de réfugiés en provenance de Syrie, affirmant que l'examen de leurs dossiers était lacunaire. « Je ne veux pas autoriser des individus à entrer dans notre pays s'ils ne soutiennent pas nos valeurs et n'aiment pas notre peuple ».

Au candidat républicain qui affirmait aux électeurs américains, « je suis votre voix », Hillary Clinton a répondu dans un autre tweet: « Vous n'êtes pas notre voix, @realDonaldTrump ».

Et sur son compte Twitter en espagnol, elle a rétorqué au magnat qui rappelait vouloir construire « un grand mur à la frontière » avec le Mexique, contre l'immigration illégale: « Oui, nous construirons un mur - entre toi et la présidence, Donald Trump ».

Invectivée avec une extrême virulence toute la semaine par les chefs et délégués républicains, Hillary Clinton sera formellement désignée par le parti démocrate la semaine prochaine à Philadelphie.

- Agence France-Presse