Le démocrate Bernie Sanders a officiellement apporté mardi son soutien à Hillary Clinton dans la campagne présidentielle américaine, les deux anciens rivaux des primaires joignant leurs forces pour battre Donald Trump en novembre.

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Elle «a gagné le processus des primaires démocrates et je la félicite pour cela (...)  et j'ai l'intention de faire tout ce que je peux pour être sûr qu'elle sera le prochain président des États-Unis», a déclaré le sénateur du Vermont, lors d'un rassemblement commun dans un lycée de Portsmouth, au New Hampshire, où il a vivement critiqué Donald Trump.

C'était le premier rassemblement où s'affichaient ensemble les anciens rivaux des primaires démocrates, durant lesquelles Bernie Sanders s'était révélé un adversaire coriace.

«Je suis là aujourd'hui pour expliquer le plus clairement possible pourquoi je soutiens Mme Clinton», a ajouté M. Sanders.

Son soutien est un soulagement pour Mme Clinton, deux semaines avant la convention démocrate (25-28 juillet), qui doit la désigner comme la candidate du parti à l'élection présidentielle du 8 novembre.

«Nous sommes plus forts ensemble (...) Nous joignons nos forces pour battre Donald Trump, gagner en novembre et construire un avenir en lequel nous pouvons croire», a-t-elle déclaré, reprenant le slogan de campagne de M. Sanders. «Nous avons besoin d'une économie qui marche pour tout le monde, pas seulement ceux au sommet», a-t-elle ajouté, reprenant là encore une des phrases fétiches de Bernie Sanders durant sa campagne.

«Elle sera une présidente extraordinaire et je suis fier d'être à ses côtés aujourd'hui, a aussi déclaré M. Sanders.

Mais ce grand pourfendeur de Wall Street et des inégalités, inlassable avocat d'une «révolution politique», qui avait souvent critiqué Mme Clinton pour ses liens avec le monde de la finance, a rappelé que plus de 12 millions d'électeurs avaient voté pour lui aux primaires (contre 15,8 pour Mme Clinton). Et il a affirmé: «la révolution continue».

Les échanges mardi entre les deux anciens rivaux n'ont guère montré de chaleur.

Donald Trump a vivement réagi au ralliement de Sanders, postant sur Twitter certaines de ses déclarations de campagne où le sénateur affirmait que Mme Clinton n'était pas «qualifiée» pour être présidente. Il a accusé Sanders d'avoir «abandonné ses supporteurs». «Bernie Sanders apportant son soutien à Hillary-la-véreuse, c'est comme Occupy Wall Street qui soutiendrait Goldman Sachs», a-t-il aussi twitté.

Hillary Clinton avait gagné les primaires démocrates début juin, mais il aura fallu 35 jours à M. Sanders, 74 ans, qui avait fait rêver des millions d'Américains, souvent jeunes, avec sa «révolution politique» pour qu'il apporte son soutien à sa rivale.

Son équipe a négocié plusieurs semaines avec celle de Mme Clinton pour obtenir que le programme du parti, qui doit être ratifié lors de la convention démocrate de Philadelphie (25-28 juillet), soit «le plus progressif de l'histoire du parti».

Parmi les thèmes chers au sénateur, nettement plus à gauche que Mme Clinton, l'université gratuite pour tous, un accès élargi à l'assurance maladie, le salaire minimum horaire à 15 dollars (contre 7,25 aujourd'hui), une réforme du système judiciaire, et un engagement plus fort contre le changement climatique.

Supporteurs frustrés 

De nombreux supporteurs du sénateur Sanders se sont déjà dits prêts à voter pour Mme Clinton, mais d'autres ont exprimé leur frustration.

«S'il te plaît Bernie, n'abandonne pas le combat. Tu as mon vote, s'il te plaît ne le gâche pas, la pensée que tu soutiennes Clinton me rend malade physiquement et tellement en colère», a écrit sur sa page Facebook une internaute, Barbara Foley.

«Tu vas soutenir le diable» a écrit une autre, Lisa Acton Lindermann, tandis que beaucoup se disaient trahis. Mais ils étaient aussi nombreux à souligner que pour éviter de faire élire Trump, il fallait voter Hillary.

«Les vrais supporteurs de Bernie feront confiance en son jugement en soutenant Clinton, les autres sont délirants», a écrit un électeur indépendant, Cia Carterson.

Mme Clinton est en tête des sondages face à Donald Trump pour la présidentielle, en moyenne de 4,5 points de pourcentage (45,4% contre 40,9%) selon Real Clear Politics. Mais en dépit de la campagne parfois chaotique de son rival républicain, elle n'a pas su creuser l'écart.