Donald Trump, vainqueur incontesté des primaires républicaines et candidat «présumé» du «Great Old Party» à la présidentielle américaine de novembre, ne part pas favori contre la démocrate Hillary Clinton, qui doit encore sceller sa propre victoire contre Bernie Sanders lors des primaires de mardi.

Mais le politologue Norman Ornstein, observateur de la vie politique américaine depuis quatre décennies, ne veut pas exclure une surprise en conclusion d'un cycle électoral qui a bouleversé les appareils républicain... et démocrate.

QUESTION: Pourquoi la campagne des primaires démocrates est-elle si laborieuse pour Hillary Clinton ?

RÉPONSE: «Hillary Clinton n'est pas capable de symboliser le changement. C'était déjà le cas en 2008, quand Barack Obama s'était imposé comme le candidat du changement. Huit ans plus tard, à 68 ans et ayant fait partie de l'administration Obama, elle ne le peut pas plus. À cela s'ajoutent l'affaire de sa messagerie et de vieux scandales datant de la présidence Clinton, dont certains ont été exagérés.

Le fait qu'elle propose des améliorations par étapes au pays, et non une grande révolution comme le fait Bernie Sanders, ne l'aide pas vraiment non plus. Enfin, la tendance est au populisme anti-establishment, ce qui nuit forcément à une figure centrale de l'establishment».

Photo Mike Blake, Reuters

La candidate démocrate à la Maison-Blanche, Hillary Clinton

QUESTION: Quel est l'avenir du sénateur du Vermont Bernie Sanders au sein de la gauche américaine ?

RÉPONSE: «Si Bernie Sanders remporte la Californie (mardi), le symbole sera fort, cela l'incitera à ne pas jeter l'éponge et à rester en course afin d'obtenir des concessions d'Hillary Clinton sur le programme démocrate, la tirant sur sa gauche.

Mais la question se posera de son retour au Sénat. Il peut y retourner comme une personnalité influente, maintenant qu'il a acquis une notoriété nationale. Il peut devenir un leader de la gauche, mais s'il persiste dans sa tentative idéaliste, et s'il finit par faire du mal à Hillary Clinton et réduire ses chances de remporter la Maison-Blanche, il risquerait de devenir un paria».

QUESTION: Donald Trump peut-il gagner contre Hillary Clinton en novembre ?

RÉPONSE: «Notre système politique est devenu tribal: la plupart des républicains vont voter pour Trump. Pourquoi, alors que beaucoup ne l'aiment pas ? Parce qu'il n'est pas Hillary Clinton. À cause de ce tribalisme, Donald Trump part avec un plancher de 45 % des voix.

Et tout peut arriver dans les dernières semaines et derniers mois avant l'élection. Et si le Brexit était adopté ? Quelles en seraient les conséquences pour l'économie américaine ? Et si au mois d'octobre il y avait un attentat comme à Paris ? Peut-être que les gens ne voudront pas élire quelqu'un sans expérience politique... mais peut-être qu'ils auront envie d'un homme fort. On ne peut pas savoir. S'il est probable que Trump ne séduira pas grand monde au-delà de sa base d'électeurs blancs en colère, tout peut arriver, à notre époque».

PHOTO REUTERS

Donald Trump