Frank VanderSloot, un grand donateur du parti républicain aux États-Unis, avait financé un rival de Donald Trump aux primaires présidentielles. Mais aujourd'hui, malgré ses fortes réserves, il s'est résigné à soutenir le candidat à la Maison-Blanche, «meilleure chance» contre Hillary Clinton.

Comme ce chef d'entreprise milliardaire, de nombreuses personnalités de l'appareil républicain ont mangé leur chapeau et se disent prêtes à soutenir un homme dont ils dénonçaient autrefois l'ignorance et le tempérament puéril, même si un groupe d'irréductibles fait de la résistance.

«Quand il s'est présenté, je croyais que c'était une blague», confie Frank VanderSloot, PDG de la société de produits de nutrition Melaleuca, qui dit avoir dépensé environ 800 000 $ pour soutenir Marco Rubio aux primaires. «Mais honnêtement, vu les deux choix disponibles, il est le meilleur».

Frank VanderSloot, dont le patrimoine est estimé à 1,2 milliard de dollars par le cabinet Wealth-X, trouve toujours Donald Trump «superficiel» sur les questions internationales. Il avoue ne pas savoir si le conservatisme affiché du candidat républicain à la Maison-Blanche est sincère. «C'est un peu effrayant, mais nous savons la direction dans laquelle les deux autres candidats nous emmèneraient», dit-il de Hillary Clinton, probable candidate démocrate à la Maison-Blanche, et Bernie Sanders, son rival des primaires.

La plupart des républicains considèrent la présidence Obama comme un désastre économique: pour eux, une présidence Clinton la prolongerait de quatre années supplémentaires, sur la voie d'un «socialisme» européen. Donald Trump présente l'avantage d'être favorable à la libre entreprise, malgré son discours protectionniste.

«Je ne sais pas s'il restera conservateur, mais s'il reste conservateur, il peut réussir. Je n'aime pas la façon dont il attaque et insulte ses adversaires, sur leur apparence physique», dit Frank VanderSloot à l'AFP. «En même temps, il est efficace. Cela me donne l'espoir que peut-être nous pourrons avoir un vrai leader».

«Je suis inquiet, mais plein d'optimisme. Il est possible que Donald Trump soit la meilleure chose qui arrive à notre pays», suppose le patron, fataliste, qui n'exclut pas de signer des chèques pour le candidat.

«Si Donald Trump perd l'élection et si les républicains perdent le Sénat, il en est fini de ce pays», justifie-t-il, en soulignant le contrôle exercé par le Sénat sur les nominations cruciales à la Cour suprême.

«C'est une catastrophe»

Ce donateur n'est pas le seul à avoir sauté à bord du «train Trump». L'un des plus puissants milliardaires républicains, le magnat des casinos Sheldon Adelson, a annoncé son ralliement, avec jusqu'à 100 millions de dollars de dons à la clé, selon le New York Times.

Les instances nationales du parti républicain jouent les intermédiaires pour rassurer les millionnaires et milliardaires qui financent habituellement les campagnes républicaines. Un comité de récolte de fonds commun entre l'équipe Trump et le parti a été créé sous l'égide de 20 grands donateurs.

Des personnalités refusent pourtant d'adouber Donald Trump, comme l'investisseur Paul Singer ou l'homme d'affaires Joe Ricketts, qui a pourtant donné près de 30 millions de dollars à des candidats républicains depuis 2012.

Ces républicains pourraient choisir de soutenir un hypothétique candidat tiers portant la flamme conservatrice, ou celui du parti libertarien, Gary Johnson. Ou bien ils pourraient se contenter de bouder le candidat présidentiel pour concentrer leurs efforts sur les élections législatives, afin de sauver la fragile majorité républicaine du Sénat.

Mais des républicains sont prêts à sauter le pas et à soutenir Hillary Clinton. C'est le cas de Charles Foster, fondateur d'un grand cabinet d'avocats spécialisés dans l'immigration, qui a ses entrées dans les cercles républicains de Washington et a levé des sommes importantes pour Jeb Bush aux primaires.

«Il n'y a pas pire candidat, ni pire être humain, que Donald Trump», dit Charles Foster à l'AFP. «C'est une catastrophe».

«Je suis en désaccord avec Hillary Clinton sur certains sujets, mais elle est un meilleur être humain, elle a plus de bon sens, de compétences et d'intelligence que lui. Je n'aurais aucun problème à voter pour elle contre Donald Trump».

PHOTO JOHN MILLER, ARCHIVES AP

«Quand il s'est présenté, je croyais que c'était une blague», confie Frank VanderSloot, PDG de la société de produits de nutrition Melaleuca, qui dit avoir dépensé environ 800 000 $ pour soutenir Marco Rubio aux primaires.

Les employés d'un casino Trump essuient un revers en justice

La Cour suprême des États-Unis a rejeté mardi l'appel d'un syndicat s'opposant aux conditions de restructuration d'un casino d'Atlantic City que Donald Trump avait déclaré en faillite.

La décision par la haute cour de Washington de ne pas examiner ce dossier revient à confirmer le jugement d'une cour d'appel de Philadelphie défavorable au syndicat.

L'affaire concerne l'immense hôtel-casino Taj Mahal d'Atlantic City, la seconde ville du jeu aux États-Unis derrière Las Vegas, située sur la côte est dans l'État du New Jersey.

Inauguré en grande pompe en 1990, le Trump Taj Mahal était entré en cessation de paiement à peine un an plus tard et n'a depuis connu que des échecs au sein de l'entreprise «Trump Entertainment Resorts», qui a déposé plusieurs fois son bilan.

Le gigantesque casino avec ses coupoles exotiques s'est placé une dernière fois en 2014 sous la loi américaine de protection des faillites et est désormais propriété du milliardaire Carl Icahn, même s'il continue à porter le nom de Trump.

Mais le plan de restructuration supervisé par un tribunal américain s'est accompagné pour les salariés du casino de l'annulation de leur convention collective, notamment des clauses de couverture sociale et de cotisations retraite.

Avec le rejet mardi par la Cour suprême, les employés du Trump Taj Mahal voient donc s'évanouir leur dernière chance de récupérer les avantages de cette convention collective désormais invalidée.

Donald Trump, qui s'apprête à représenter le parti républicain à la présidentielle de novembre, aime mettre en avant ses succès d'entrepreneur immobilier.

Mais, à Atlantic City, cité balnéaire en crise profonde, Donald Trump a accumulé les échecs, étant forcé de quitter la place en fermant ou en cédant ses casinos en dépôt de bilan.