La démocrate Hillary Clinton a fait un pas de géant vers l'investiture présidentielle après une nouvelle série de victoires aux primaires, tandis que Donald Trump accroissait son avance sur ses deux adversaires républicains ligués contre lui.

La voie de l'investiture est désormais dégagée pour Hillary Clinton. Sauf coup de théâtre, elle portera les couleurs du parti démocrate à l'élection présidentielle de novembre, la première femme de l'histoire américaine à atteindre cette étape.

Dans un échange donnant un avant-goût du duel qui se profile, Donald Trump - vainqueur des cinq primaires de mardi - a attaqué Mme Clinton sur ce point précis, accusant la démocrate de «jouer la carte de la femme».

«Si elle était un homme et se comportait comme elle le fait, elle n'aurait pratiquement aucune voix», a martelé le milliardaire mercredi matin sur la chaîne CNN.

Hillary Clinton avait pris les devants dès mardi à Philadelphie: «Si se battre pour la couverture santé des femmes, le congé parental rémunéré et l'égalité salariale revient à jouer la carte de la femme, alors comptez sur moi».

Elle a remporté quatre des cinq primaires organisées mardi (Maryland, Pennsylvanie, Connecticut, Delaware), ne concédant que le petit Rhode Island au sénateur Bernie Sanders. Son avance en nombre de délégués est devenue quasi insurmontable.

L'ancienne chef de la diplomatie a désormais plus de 2168 délégués, dont quelque 500 «super délégués» (élus et responsables démocrates), contre environ 1401 pour Bernie Sanders. La majorité requise est de 2383. Il reste un millier de délégués démocrates à distribuer lors de 14 primaires, jusqu'au 14 juin.

«Nous allons unifier notre parti pour remporter cette élection et bâtir une Amérique où chacun peut s'élever, une Amérique où nous nous aidons les uns les autres au lieu de nous déchirer», a-t-elle déclaré à Philadelphie, où la convention démocrate aura lieu en juillet.

Sûre de sa victoire finale, elle a attaqué Donald Trump et le parti républicain, tout en tendant la main aux partisans de son rival: «Que vous souteniez le sénateur Sanders ou moi-même, ce qui nous rassemble est plus important que ce qui nous divise».

En 2008, Hillary Clinton avait attendu la fin des scrutins, en juin, pour concéder la défaite et appeler ses électeurs à se ranger derrière Barack Obama. «Je n'avais pas posé de condition», a-t-elle rappelé lundi.

C'est le même choix auquel est confronté Bernie Sanders aujourd'hui, mais il a sous-entendu qu'il ne se retirerait pas avant Philadelphie, afin de peser sur le programme officiel du parti.

«Les gens de chaque État de ce pays ont le droit de déterminer quel président ils veulent et quel programme le parti démocrate doit adopter. C'est pour cette raison que nous resterons en course jusqu'au dernier vote», a-t-il déclaré dans un communiqué.

«C'est pourquoi nous irons à la convention démocrate à Philadelphie avec le plus de délégués possibles, afin de nous battre pour une plateforme progressive», a ajouté Bernie Sanders, en énumérant ses propositions: salaire minimum à 15 $, assurance maladie universelle, gratuité de l'université publique, taxe carbone...

Trump, «candidat naturel» ?

Chez les républicains, Donald Trump a triomphé dans les cinq États, conformément aux sondages, et malgré le front commun de ses deux derniers adversaires, Ted Cruz et John Kasich.

«Je me considère comme le candidat naturel», a déclaré Donald Trump à New York, dans la tour Trump. «Je gagne. En ce qui me concerne, c'est fini».

Cette quintuple victoire illustre la fidélité de ses partisans. Le milliardaire a remporté plus de 50 % des voix mardi, dépassant 60 % dans deux États. «Les résultats de mardi montrent qu'à l'évidence, le mouvement anti-Trump ne marche pas», dit à l'AFP James Monroe, politologue à l'université Brown. «Trump n'a jamais été aussi fort».

Avec environ 988 délégués en poche, Trump ne peut pas se reposer sur ses lauriers. Il ne gagnera l'investiture que s'il remporte la moitié des délégués restant à attribuer pour atteindre le seuil de la majorité absolue (1237).

Si Ted Cruz et John Kasich parviennent à empêcher Trump d'obtenir une majorité absolue, l'investiture pourrait revenir à un vote libre des délégués durant la convention nationale de Cleveland, en juillet, un scénario rarissime et imprévisible qui pourrait en théorie voir un autre homme que le favori triompher.

La primaire de l'Indiana, mardi prochain, sera déterminante, tant l'investiture se jouera à quelques délégués près. Le sénateur du Texas Ted Cruz y passe la semaine et Donald Trump y sera mercredi pour rassemblement avec l'entraîneur légendaire de basketball Bobby Knight, après un discours de politique étrangère à Washington.

PHOTO REUTERS

«Je me considère comme le candidat naturel» du parti républicain a affirmé Donald Trump lors d'un rallye de victoire au Trump Tower de New York.

Les États remportés 

PARTI DÉMOCRATE

Quarante-trois consultations depuis le 1er février, il en reste 14 jusqu'à juin.

Nombre de délégués requis pour décrocher l'investiture : 2383.

Particularité démocrate, plus de 700 «super délégués» auront le droit de vote à la convention de juillet à Philadelphie : ce sont les gouverneurs démocrates, les élus démocrates du Congrès, quelques membres «distingués» comme Barack Obama et Bill Clinton, et les plus de 400 membres du comité démocrate national (DNC).

Hillary Clinton : environ 2168 délégués dont environ 500 «super délégués», 25 États et territoires remportés.

Liste : Alabama, Arizona, Arkansas, Caroline du Nord, Caroline-du-Sud, Connecticut, Delaware, Floride, Géorgie, Illinois, Iowa, Louisiane, Maryland, Massachusetts, Missouri, Mississippi, Nevada, New York, Ohio, Pennsylvanie, Îles Mariannes du Nord, Archipel américain des Samoa, Tennessee, Texas, Virginie.

Bernie Sanders : 1401 délégués, dont 42 «super délégués», 18 consultations remportées.

Liste : Alaska, Colorado, Hawaï, Idaho, Kansas, Maine, Michigan, Minnesota, Nebraska, New Hampshire, Oklahoma, Rhode Island, Utah, Vermont, État de Washington, Wisconsin, Wyoming, ainsi que la consultation réalisée auprès des démocrates vivant à l'étranger.

PARTI RÉPUBLICAIN

Quarante consultations depuis le 1er février, il en reste dix jusqu'en juin. Six États et territoires sélectionnent leurs délégués sans consultation des électeurs, lors de conventions ou réunions de partis, dont le Colorado et le Wyoming qui ont largement soutenu Ted Cruz. Les autres sont : Dakota-du-Nord, Wyoming, Samoa, Guam, Îles Vierges.

Nombre de délégués requis pour décrocher l'investiture : 1237. Contrairement aux démocrates, les républicains ne comptent pas de «super délégués».

Donald Trump : 988 délégués, 27 victoires.

Liste : Alabama, Arizona, Arkansas, Caroline-du-Nord, Caroline-du-Sud, Connecticut, Delaware, Floride, Géorgie, Hawaï, Illinois, Kentucky, Louisiane, Îles Mariannes du Nord, Maryland, Massachusetts, Michigan, Mississippi, Missouri, Nevada, New York, New Hampshire, Pennsylvanie, Rhode Island, Tennessee, Vermont, Virginie.

Ted Cruz : 568 délégués, 9 victoires.

Liste : Alaska, Idaho, Iowa, Kansas, Maine, Oklahoma, Texas, Utah, Wisconsin.

John Kasich : 152 délégués, une victoire, dans son État de l'Ohio.

Source pour le nombre de délégués : estimations provisoires CNN. D'autres médias peuvent avoir des estimations légèrement différentes.