Rebondissement dans les primaires républicaines pour la Maison-Blanche: les candidats Ted Cruz et John Kasich ont formé une alliance dans trois États qui voteront prochainement afin de stopper Donald Trump, un effort tardif que le camp anti-Trump prônait depuis des mois.

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À six semaines du dernier scrutin, les équipes des deux rivaux du milliardaire américain ont annoncé une sorte de pacte de non agression dans l'Indiana, qui votera le 3 mai, ainsi que dans l'Oregon (17 mai) et le Nouveau Mexique (7 juin). John Kasich laissera le champ libre à Ted Cruz dans l'Indiana, et le sénateur ne fera pas campagne dans les deux autres États, qui offrent un nombre équivalent de délégués.

«C'est de la collusion», a réagi Donald Trump. «En affaires ou en bourse, si vous êtes pris pour des faits de collusion, vous finissez en prison, mais pas en politique, parce que le système est truqué», a-t-il dit lors d'un meeting à Warwick, dans le Rhode Island. «Mais ça m'a fait plaisir, car ça nous montre qu'ils sont faibles et pathétiques».

Le but de l'opération est de permettre à Ted Cruz d'arriver premier dans l'Indiana et d'y rafler la totalité des délégués en jeu, privant Donald Trump d'un contingent précieux de délégués. Le milliardaire doit impérativement en engranger 1237 pour empocher l'investiture. S'il n'y arrivait pas, la désignation du candidat républicain reviendrait à un vote individuel des délégués durant la convention de Cleveland, en juillet, rebattant toutes les cartes des primaires.

Les délégués individuels sont en effet généralement désignés par le parti ou des conventions de militants, État par État, et non par les candidats eux-mêmes. A Cleveland, ils seront initialement forcés de respecter la volonté des électeurs des primaires, mais ils deviendront libres de voter selon leur préférence personnelle si aucun candidat n'obtient de majorité absolue.

«Notre but est d'avoir une convention ouverte à Cleveland», a déclaré John Weaver, directeur de campagne de John Kasich.

Donald Trump a aujourd'hui 846 délégués contre 563 pour Ted Cruz et 147 pour John Kasich. Il doit remporter 58% des 674 délégués restants pour gagner l'investiture avant la convention.

L'accord entre John Kasich et Ted Cruz ne vaut pas pour les primaires de mardi dans cinq États: Pennsylvanie, Maryland, Delaware, Connecticut et Rhode Island.

Clinton favorite chez les démocrates 

Ted Cruz et John Kasich se trouvaient lundi dans l'impossible situation de justifier leur partenariat tout en assurant qu'ils n'avaient sacrifié aucun de leurs principes, l'alliance de circonstance leur permettant seulement, selon eux, de maximiser l'impact de leurs déplacements et dépenses publicitaires.

«Après en avoir discuté avec l'équipe de Kasich, nous avons pris une décision sur l'allocation de nos ressources», a justifié Ted Cruz, en campagne dans l'Indiana. «Je n'ai aucun doute que Donald Trump va crier, hurler, jurer et probablement pleurer et geindre. Donald est comme ça».

«Nos moyens ne sont pas illimités, nous allons gérer intelligemment nos ressources, il me semble logique de me concentrer sur les zones où je peux dépenser le plus efficacement possible, et c'est pareil pour le sénateur Cruz. Quel est le problème?» a justifié John Kasich à Philadelphie.

Mais en n'appelant pas leurs partisans à voter pour l'autre, les deux candidats brouillaient leur message.

«Je ne leur ai pas demandé de ne pas voter pour moi, ils devraient voter pour moi», a répondu John Kasich, irrité par les questions de journalistes.

Ted Cruz s'était refusé jusqu'à présent à tout arrangement avec les autres candidats anti-Trump, de peur de s'associer de trop près à l'appareil républicain qu'il dénonce. Il a pendant des mois martelé qu'il était capable d'inverser la tendance, déclarant un «tournant» après sa belle victoire dans le Wisconsin le 5 avril. Mais Donald Trump a été plébiscité lors de la primaire de New York la semaine dernière, et il est le favori des cinq scrutins de mardi (172 délégués en jeu).

Mardi, les démocrates se prononceront aussi pour départager Hillary Clinton et le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Très en avance dans la course aux délégués, l'ex-secrétaire d'État espère cimenter son statut de favorite.

Tous deux seront lundi à Philadelphie, en Pennsylvanie. Hillary Clinton y est favorite, avec 53% des intentions de vote contre 39%, selon la moyenne calculée par le Huffington Post.

De fait, le sénateur du Texas Ted Cruz a longtemps refusé tout arrangement avec les autres candidats opposés à Donald Trump, par peur d'anéantir son image de conservateur extérieur au système et aux appareils. Marco Rubio, sénateur de la Floride qui s'est depuis retiré de la course, avait à l'inverse appelé ses partisans à voter pour John Kasich dans l'Ohio le 15 mars.

Ted Cruz a pendant des mois martelé qu'il était capable d'inverser la tendance, empochant ici et là des États, notamment le Wisconsin le 5 avril, et proclamant chaque fois un «tournant». Mais Donald Trump a été plébiscité lors de la primaire de New York la semaine dernière, et il est le favori des cinq scrutins de mardi (172 délégués en jeu), qui devraient encore augmenter son avance.

Signe du déchirement du mouvement conservateur à son égard, l'influent milliardaire Charles Koch a insinué dimanche qu'Hillary Clinton pourrait même être préférable à Donald Trump, lors d'une interview sur ABC.

Mardi, les démocrates se prononceront aussi dans les mêmes États pour départager Hillary Clinton et le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Très en avance dans la course aux délégués, l'ex-secrétaire d'État espère des victoires sans appel afin de cimenter son statut de favorite.

Les deux candidats organisent des rassemblements électoraux rivaux lundi soir à Philadelphie, en Pennsylvanie. Hillary Clinton y est favorite, avec 53 % des intentions de vote contre 39 %, selon la moyenne calculée par le Huffington Post.