Le milliardaire et ancien maire de New York Michael Bloomberg a annoncé lundi qu'il ne se présenterait pas en candidat indépendant à la présidentielle américaine de novembre, par crainte que sa candidature ne profite à Donald Trump ou Ted Cruz.

« Il y a une forte chance pour que ma candidature conduise à l'élection de Donald Trump ou du sénateur Ted Cruz », écrit Michael Bloomberg dans une tribune publiée sur le site Bloomberg View et intitulée « Le risque je ne prendrai pas ».

« J'aime trop mon pays pour jouer un rôle dans l'élection d'un candidat qui affaiblirait notre unité nationale et assombrirait notre avenir - et je n'entrerai donc pas la course pour la présidence des États-Unis », y écrit l'homme d'affaires.

Michael Bloomberg, 74 ans, avait laissé filtrer en janvier qu'il envisageait de se présenter en candidat indépendant. Longtemps démocrate, il s'était fait élire maire de New York en 2001 sous l'étiquette républicaine, avant de devenir indépendant en 2007. Il dirigea la ville de 2002 à 2013.

À la tête d'une fortune de 41,7 milliards de dollars selon Forbes, il s'était dit prêt à dépenser un milliard pour se faire élire.

Il affirme qu'il aurait pu remporter certains Etats à la présidentielle, mais juge que dans le système de suffrage universel indirect il ne pensait pas pouvoir être élu face aux candidats démocrate et républicain. Chacun des 50 Etats accorde des grands électeurs en fonction du vote de ses habitants, et un candidat doit en obtenir une majorité (270 sur 538) pour être élu président. Si aucun n'atteint cette barre, c'est la Chambre des représentants, dominée par les républicains, qui élit le président.

Michael Bloomberg critique vertement Donald Trump, qu'il dit connaître depuis des années. « Il mène la campagne présidentielle la plus clivante et démagogique que je n'ai jamais vue, en jouant sur les préjugés et les craintes des gens », écrit-il, en condamnant les propos tenus par M. Trump contre les musulmans et les sans-papiers mexicains, ainsi que ses menaces d'une guerre commerciale contre la Chine et le Japon.

« Ces gestes nous diviseraient intérieurement et compromettraient notre leadership moral dans le monde », affirme Michael Bloomberg. « Cela ne ferait qu'encourager nos ennemis, menacer la sécurité de nos alliés et mettre nos hommes et femmes en uniforme en danger ».

Quant à Ted Cruz, le sénateur du Texas qui est deuxième dans la course des primaires républicaines, il le qualifie de « tout aussi extrême » sur l'immigration.

La Maison-Blanche est dans le viseur du milliardaire new-yorkais depuis des années mais, sans parti derrière lui ni base électorale identifiée en dehors de New York, Michael Bloomberg partait en position très défavorable par rapport à des candidats établis comme Hillary Clinton et Donald Trump - a fortiori dans une année électorale marquée par le rejet des élites.

Bernie Sanders, rival d'Hillary Clinton aux primaires démocrates, avait critiqué l'idée qu'un autre milliardaire cherche à se hisser à la présidence américaine.

Selon le New York Times, Michael Bloomberg avait néanmoins embauché des dizaines de conseillers et avocats et réalisé des sondages. Ces enquêtes montraient que ses chances étaient très limitées dans un match à trois avec la démocrate Hillary Clinton et Donald Trump.

Le richissime retraité a dépensé ces dernières années pour soutenir une réforme des lois sur les armes à feu. Son équipe envisageait de le présenter comme un homme indépendant des lobbys qui aurait financé sa campagne sur ses propres fonds.

« S'il s'était présenté, il aurait probablement empêché chaque parti d'atteindre 270 grands électeurs, ce qui donnerait l'élection à la Chambre, ce qui n'est pas souhaitable pour le pays », a réagi le sénateur républicain Lindsey Graham sur CNN.