Quand elles ont appris la réélection de Barack Obama, Mellina Land et Renda Harris ont d'abord lancé un cri aussi aigu que perçant, en sautillant sur place comme des enfants.

«Je suis si excitée», a ensuite déclaré Mellina Land, les yeux brillants. Elle a expliqué avoir fait campagne pour Obama sans relâche au cours de la dernière année en compagnie de son amie. Les deux Afro-Américaines ont même parfois quitté Chicago pour donner un coup de main aux militants du Wisconsin, de l'Iowa et de l'Ohio, trois États qui ont été déterminants dans la victoire du président.

«Je suis tellement heureuse, a renchéri Renda Harris. C'était impossible pour lui de nettoyer en quatre ans le gâchis dont il a hérité. Il a maintenant un deuxième mandat pour continuer le travail.»

Joyce Herres, pour sa part, avait déjà commencé à s'époumoner lorsqu'on a annoncé que le président avait triomphé en Iowa, petit État du Midwest qu'elle a parcouru pour la campagne du président dans les derniers jours.

«Il a réussi à aller de l'avant pendant quatre ans au beau milieu de la pire crise possible. Il a montré quel genre de leader il est», a-t-elle affirmé.

Les cris de ces militantes n'ont bien évidemment dérangé personne. Elles faisaient partie d'une foule de plusieurs milliers de personnes qui s'entassaient dans une immense salle du plus grand palais des congrès à Chicago, baptisé McCormick Place. Des militants qui rugissaient de joie, criaient «quatre ans de plus» et agitaient avec ferveur des drapeaux américains brandis tels des trophées en l'honneur de leur candidat.

Il n'y avait pourtant pas, mardi à Chicago, la magie d'il y a quatre ans. À l'époque, plus de 200 000 personnes s'étaient rassemblées dans un parc de la ville pour voir et entendre le premier président noir des États-Unis. Dans les rues, les macarons et t-shirts à l'effigie du candidat étaient partout.

Mais l'enthousiasme des participants à la soirée électorale compensait. Les militants semblaient ravis par le fait que le nouveau chapitre de l'histoire américaine écrit par Barack Obama en 2008 ne se terminera pas abruptement. Mais ils avaient aussi l'air d'être soulagés par la défaite de Mitt Romney.

Le candidat républicain n'aurait pas été «capable de tenir tête aux militants du Tea Party qui veulent mettre de l'avant des politiques dignes des années 50», estime notamment Katrina Malone. Jeffrey Hall, qui avait pris l'avion en Virginie en matinée pour assister au rassemblement à Chicago, nous a carrément confié avoir décidé de déménager au Canada dans le cas d'une victoire de Romney!

Barack Obama n'avait, lui, pas semblé nerveux. Il a passé la journée, mardi, à Chicago, alors que Mitt Romney a continué à sillonner le pays. Il s'est même permis de jouer au basket-ball en après-midi, dans un gymnase situé à quelques minutes à l'ouest du centre-ville.

Une question de superstition, a-t-on expliqué. Obama a pris l'habitude de se défouler sur un terrain de basketball avant chaque scrutin important. La seule et unique fois où il a dérogé à cette règle, il a perdu. C'était en janvier 2008, lors de la primaire du New Hampshire. Hillary Clinton avait triomphé.

Parions qu'avec la victoire de ce soir, il n'a pas fini d'être superstitieux...