La Floride a encore une fois tenu en haleine les électeurs américains. Au moment de mettre en ligne, le score est pratiquement à égalité, avec un léger avantage pour les démocrates, ce qui a fait mentir tous les sondages des derniers jours qui donnaient les républicains gagnants.

Vers minuit, quelque 40 000 voix séparaient les deux adversaires. La loi floridienne prévoit un dépouillement judiciaire si la marge est de 0,5 point ou moins - elle oscillait entre 0,4 et 0,7 point vers minuit.

À 23h, il y avait toujours des électeurs en file pour voter dans certaines parties de l'État. Les résultats dans le comté de Miami-Dade, plus important de l'État et à tendance plutôt démocrate, ne seront pas connus avant mercredi. La Floride, l'un des États-clés les plus convoités, compte 29 grands électeurs.

Sur la pelouse de l'Université South Florida, la foule a célébré l'annonce de chaque victoire des démocrates comme à un match de football des Bulls, équipe locale.

Les mains jointes, le regard anxieux, Stephanie Slomback, Michelle Mayer et Laura Marmorale se désespéraient de voir le sud du pays opter pour les républicains. «Si Romney est élu, je déménage», a dit Stephanie. «Il veut renvoyer les femmes 50 ans en arrière.»

Déroulement satisfaisant

Le scrutin s'est déroulé généralement rondement, mardi, dans cet État qui est resté, d'une certaine façon, traumatisé par le dépouillement du vote de l'élection de 2000. Cette fois-ci, à part quelques messages enregistrés erronés, diffusés en matinée à Saint Petersburg - et rapidement corrigés - et quelques cas isolés d'électeurs sans papiers, les autorités électorales n'avaient rien de fâcheux à signaler.

Même les files d'attente ont été généralement moins longues en cette journée de scrutin qu'elles ne l'ont été lors du vote par anticipation.

Le comté de Hillsborough, avec son million d'électeurs qui habitent la ville et l'agglomération de Tampa, était mardi l'un des comtés le plus suivis du pays parce que l'électorat y est aussi le plus divisé. Gagner Hillsborough signifie traditionnellement gagner la Floride. En 2008, les démocrates y avaient remporté 53% des voix.

Qu'en sera-t-il cette année? La majorité des sondages menés dans la dernière semaine accordaient la victoire en Floride aux républicains, par une mince marge. À Hillsborough, Barack Obama détenait 52% des appuis au moment de mettre en ligne.

James Cleg, interrogé à la sortie du bureau de vote, ne pouvait imaginer mardi matin un résultat différent qu'une Floride républicaine. «Ça suffit, il faut sortir ce pays de la dette», a-t-il dit, en secouant la tête. «Mais je suis confiant. Je n'ai jamais vu autant de pancartes pro-républicaines que cette année.»

Il n'a pas tort. Partout, sur les ondes de la radio locale comme devant les maisons, les publicités vantant l'équipe Romney/Ryan ont de loin surpassé les publicités des démocrates.

Mais ça n'a pas influencé Adam Jackson. «J'ai fait mon choix il y a quatre ans!», a-t-il dit, en éclatant de rire. «Obama va gagner, et je suis certain que ce ne sera pas aussi serré qu'on le croit.» Même en Floride? Même à Hillsborough? Il a soupiré. «Enfin... je l'espère...»