Des dizaines de millions d'Américains choisissaient mardi le prochain locataire de la Maison-Blanche entre Barack Obama et Mitt Romney, les sondages promettant un résultat très serré même si l'arithmétique électorale semblait favorable au président sortant.

Après un an et demi de campagne acharnée, des centaines de millions de dollars dépensés, des dizaines de milliers de kilomètres parcourus, de mains serrées et des dizaines de discours, la parole était à quelque 200 millions d'électeurs qui ont parfois dû attendre de longues heures avant de glisser leur bulletin dans l'urne.

Hawaï a été le dernier État à ouvrir ses bureaux de vote, six heures après la plupart des États de la côte Est.

M. Obama, qui avait voté dès le 25 octobre, a tué le temps et évacué le stress en jouant au basket dans son fief de Chicago (Illinois, nord) avec des amis et des collaborateurs. Il s'est rendu dans la matinée dans un des bureaux de sa campagne pour remercier des bénévoles.

L'heure était à la démonstration de confiance: tout en confessant un certain «trac», le président a dit s'attendre à passer «une bonne soirée» et a adressé ses «félicitations» à son rival républicain pour sa «campagne dynamique».

Jusqu'au bout, les sondages ont donné MM. Obama et Romney au coude à coude au plan national, mais le sortant pourrait profiter d'un mode de scrutin indirect où la décision se fera dans une dizaine d'États. Il semble en position favorable dans une majorité d'entre eux.

«C'est si serré»

Mitt Romney a de son côté voté en compagnie de son épouse, Ann, dans son fief de Belmont, dans le Massachusetts. Le candidat républicain a décidé à la dernière minute de poursuivre sa campagne jusqu'au bout, se rendant à Cleveland, dans l'Ohio, puis à Pittsburgh, en Pennsylvanie pour y rencontrer des bénévoles de sa campagne.

«Je suis très optimiste, non seulement pour les résultats de l'élection, mais aussi pour l'avenir de l'Amérique», a affirmé M. Romney lors de sa première escale à Cleveland: «tout est en train de se concrétiser aujourd'hui», a-t-il dit.

À Alexandria, en Virginie, un des fameux États clés susceptibles de basculer dans un camp ou dans l'autre, Ursula et Joe Burgess, la quarantaine, viennent de voter. Joe est républicain, Ursula démocrate. «On ne vote pas pareil, il faut que j'annule son vote», dit Ursula en éclatant de rire.

Maurice Josh arbore un t-shirt Obama-Biden. Qui va gagner? «Ça va être serré. Ça sera ... Non, je n'en sais rien, c'est si serré», dit-il.

À Hoboken, dans le New Jersey dévasté par l'ouragan Sandy il y a une semaine, des bureaux de vote ont dû être improvisés. Un bénévole présente ses excuses à la foule qui s'impatiente. «Excusez-nous pour l'état des locaux, mais il y a deux jours, ils étaient sous 60 cm d'eau».

Comme c'est la tradition, le tout petit village de Dixville Notch, dans le New Hampshire, s'était distingué en appelant sa dizaine d'électeurs inscrits à voter dès minuit. Et pour la première fois, les deux candidats sont arrivés à égalité, empochant chacun cinq voix.

Plusieurs millions d'Américains ont déjà voté par anticipation. Mardi, des dizaines de milliers d'autres postaient fièrement sur les réseaux sociaux des photos du petit autocollant «J'ai voté», que les électeurs arborent généralement au revers de leur veste les jours d'élection.

Armées de juristes sur le terrain

Le territoire observé de très près mardi soir sera l'Ohio. Aucun républicain n'a réussi à s'installer à la Maison-Blanche sans l'avoir remporté, et M. Obama y a dominé dans tous les sondages récents, même si l'écart semble faible.

Les premiers bureaux fermeront à 18h sur la côte Est (23h GMT) et les premiers résultats, État par État, devraient commencer à tomber une heure plus tard. Mais en cas d'élection serrée, le nom du vainqueur ne pourrait être connu que dans la nuit.

Toutefois, l'arithmétique électorale est telle que si M. Obama l'emportait nettement l'Ohio, la Floride ou la Virginie, l'élection basculerait en sa faveur dès le début de la soirée.

Un scénario cauchemardesque comme celui de 2000, quand un processus de recomptage contesté en Floride avait retardé d'un mois l'annonce du vainqueur, n'est pas non plus exclu par les deux équipes de campagne, qui ont dépêché des armées de juristes sur le terrain.

M. Romney, 65 ans, a centré sa campagne sur la critique du bilan économique du président. M. Obama, 51 ans, s'est quant à lui posé en défenseur de la classe moyenne, toujours affectée par les suites de la crise de 2008.

Quel que soit le vainqueur, ses promesses risquent de se heurter au puissant Congrès.

La Chambre des représentants, dominée par les républicains, sera entièrement renouvelée mardi, tandis qu'un tiers des membres du Sénat, où les alliés de M. Obama sont majoritaires, remettront leur mandat en jeu. Les sondages prédisent un statu quo, scénario aussi problématique pour M. Obama que pour M. Romney.

Mardi, les électeurs se prononçaient également sur plus de 170 référendums locaux.

En Californie, les électeurs doivent décider s'ils veulent, pour la première fois aux États-Unis, imposer l'étiquetage de produits OGM, tandis que le cannabis pourrait être légalisé, même à des fins récréatives, dans l'Oregon, le Colorado et l'État de Washington.