Quatre ans après avoir écrit une page d'histoire en élisant à la Maison-Blanche un premier candidat de couleur, les Américains sont appelés aujourd'hui à rendre leur verdict sur sa présidence marquée par des réformes controversées, un taux de chômage élevé et une reprise économique lente.

Si les électeurs décidaient de congédier Barack Obama après un seul mandat, ils permettraient à son rival, Mitt Romney, d'entrer à son tour dans l'histoire à titre de premier candidat mormon à conquérir la présidence américaine.

Après 11 mois d'une campagne présidentielle lancée officiellement dans les plaines glacées de l'Iowa, le président sortant jouissait d'une avance minime dans certains sondages nationaux et d'un avantage un peu plus net dans la plupart des États où se jouera l'élection, dont l'Ohio, le Nevada et l'Iowa.

Mais le suspense demeure entier en raison de l'incertitude qui plane sur la composition exacte de l'électorat. Le camp républicain se dit convaincu de compter sur les électeurs les plus enthousiastes et déterminés à se rendre aux urnes. Ceux-ci ont assisté en grand nombre aux derniers rassemblements de leur candidat, qui a fait campagne hier en Floride, en Virginie et au New Hampshire.

«Nous ne sommes plus qu'à un jour d'un nouveau départ, à un jour d'un nouveau commencement», a déclaré Mitt Romney à Lynchburg, en Virginie.

«Chaque vote compte», a-t-il ajouté, en invitant ses partisans à s'assurer que chacune de leurs connaissances se rendra aux urnes.

Entamant au Wisconsin la dernière journée de sa dernière campagne électorale, Barack Obama a évoqué le «romantisme» de sa première course à la Maison-Blanche, comme s'il reconnaissait implicitement la nature moins emballante de celle de 2012. Mais il a insisté sur l'importance du scrutin présidentiel.

«Demain, vous avez un choix à faire. C'est un choix entre deux visions différentes de l'Amérique», a-t-il lancé à une foule enthousiaste de 18 000 personnes, dont certains s'étaient sans doute déplacés pour entendre Bruce Springsteen.

Le rockeur a également accompagné le président sortant en Ohio, où il a été rejoint par le rappeur Jay-Z, et en Iowa, dernière étape de la journée et tremplin du sénateur de l'Illinois en 2008.

Barack Obama passera la journée du scrutin à Chicago, où il attendra les résultats avant de prononcer son discours de la victoire ou de la défaite. De son côté, Mitt Romney fera campagne à Cleveland, en Ohio, et à Pittsburgh, en Pennsylvanie, le jour du vote, avant de rentrer au Massachusetts, où il votera.

Pendant ce temps, les bénévoles des deux camps passeront une dernière journée à cogner aux portes ou à faire des appels téléphoniques - le travail de terrain qui pourrait faire la différence dans l'issue de l'élection.

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LE COLLÈGE ÉLECTORAL



Le chiffre important pour ce soir: 270. C'est le nombre de votes au collège électoral qu'un candidat doit obtenir pour remporter la Maison-Blanche. 

Le système du collège électoral attribue à chaque État un certain nombre de votes (aussi appelés «grands électeurs») sur un total de 538. Le candidat qui remporte la majorité des voix dans un État remporte du même coup la totalité des votes au collège électoral de cet État. Le système permet aux États les plus populeux d'avoir plus d'influence.

L'État comptant le plus grand nombre de votes au collège électoral est la Californie, qui en possède 55.

Ce système est loin d'être parfait: en 2000, Al Gore avait obtenu une majorité de votes sur le plan national, mais Bush avait remporté le plus grand nombre de votes au collège électoral, et donc la présidence.

Autre problème: un vote dans un État qui appuie massivement un candidat (en Californie, par exemple, où Barack Obama a gagné avec 24% d'avance en 2008) est bien moins important qu'un vote dans un État où la course est serrée (comme en Ohio, où Obama mène par quelques points à peine). D'où l'avalanche de publicités et de rassemblements électoraux dans une poignée d'États clés comme l'Ohio, la Floride, le Colorado, etc.

Le système du collège électoral est décrit dans la Constitution américaine, et aucun parti au Congrès n'a jamais pu obtenir les votes nécessaires pour le modifier.

Le poids des États ou le nombre de grands électeurs

CA
Californie 55

TX Texas 38

FL Floride 29

NY New York 29

IL Illinois 20

PA Pennsylvanie 20

OH Ohio 18

GA Géorgie 16 

ML Michigan 16

NC Caroline-du-Nord 15

NJ New Jersey 14

VA Virginie 13

WA Washington 12

AZ Arizona 11

IN Indiana 11

MA Massachusetts 11

TN Tennessee 11 

MD Maryland 10 

MN Minnesota 10 

MO Missouri 10

WI Wisconsin 10

AL Alabama 9

CO Colorado 9

SC Caroline-du-Sud 9

KY Kentucky 8 

LA Louisiane 8

CT Connecticut 7

OK Oklahoma 7

OR Oregon 7

AR Arkansas 6

IA Iowa 6

KS Kansas 6

NV Nevada 6 

MS Mississippi 6

UT Utah 6

NE Nebraska 5

NM Nouveau Mexique 5

WV Virginie-Occidentale 5

HI Hawaii 4

ID Idaho 4 

ME Maine 4

NH New Hampshire 4

RI Rhode Island 4

AK Alaska 3

DE Delaware 3

DC District de Columbia 3 

MT Montana 3

ND Dakota-du-Nord 3

SD Dakota-du-Sud 3

VT Vermont 3

WY Wyoming 3

CINQ ÉTATS À SUIVRE

Ohio



Avec 18 grands électeurs, l'Ohio est l'État-clé le plus convoité. Si les résultats devaient s'avérer très serrés, les responsables pourraient devoir compter les bulletins de vote provisionnels, un processus qui prendrait plusieurs jours.

Floride

Mitt Romney est en avance en Floride, un État qui possède 29 votes au collège électoral. Mais Romney a fait campagne sans relâche en Floride au cours des derniers jours, ce qui laisse présager que son équipe n'est pas satisfaite de son avance dans les sondages.

Virginie

Le président Obama possède un léger avantage en Virginie. Avec 13 votes au collège électoral, l'État est convoité: les candidats y mènent une lutte solide depuis quelques semaines.

Colorado

Avec 9 votes au collège électoral, le Colorado sera très suivi ce soir. Les sondages donnent Barack Obama et Mitt Romney au coude à coude.

Nevada

Avantage Obama, mais Romney pourrait surprendre, surtout dans les comtés du nord de l'État. Le Nevada compte six votes au collège électoral et fait partie des États-clés où les candidats ont mené une solide campagne sur le terrain.

-Avec Nicolas Bérubé