Donald Trump promettait une « grosse annonce » hier. Mais le magnat de l'immobilier a plutôt lancé un pétard mouillé dans la campagne électorale américaine, en reprenant l'un de ses chevaux de bataille: demander à Barack Obama des preuves de sa naissance aux États-Unis.

« C'est l'énième trumperie », dit Élisabeth Vallet, directrice de recherche à la chaire Raoul-Dandurand et chercheuse à l'Observatoire sur les États-Unis.

Dans une vidéo publiée hier vers midi sur YouTube et filmée dans ce qui semble être son bureau, le flamboyant milliardaire lance: « J'ai un marché à proposer au président. Si Barack Obama accepte de rendre publiques toutes ses demandes d'inscription à l'université et de passeport, je donnerai à l'oeuvre de charité de son choix un chèque de 5 millions. »

La droite « extrême »

Démontrer que Barack Obama n'est pas né aux États-Unis est l'un des chevaux de bataille de Donald Trump, dont l'insistance, il y a un an, a poussé le président à publier son acte de naissance.

Mais pour Trump, cette publication reste insuffisante. « Cela représente la droite extrême. Chez les membres du Tea Party, on entend ce discours régulièrement », indique Élisabeth Vallet, auteure du livre Comprendre les élections américaines.

L'initiative de Donald Trump a pourtant fait chou blanc. De nombreux utilisateurs de Facebook, dont certains se présentent comme des républicains, n'ont pas hésité à railler Donald Trump sur sa propre page.

Même le site de la conservatrice chaîne d'information Fox News ne faisait aucune mention de cette offre, hier.

« Donald Trump a de l'influence sur les gens qui ont l'esprit le plus fermé. C'est la droite de la droite qui est convaincue de ce genre de chose. Est-ce que cela peut faire quelque chose ? Cela ne peut pas nuire à Barack Obama. Ça rappelle à l'électorat modéré toute la force de ce mouvement radical qui soutient son adversaire », dit de son côté Pierre Martin, professeur au département de science politique de l'Université de Montréal.

« Ce n'est pas un événement médiatique sur Donald Trump, mais sur les États-Unis », a écrit M. Trump, avant son annonce, à 1,7 million d'abonnés Twitter.

De « l'autopromotion »

Selon Pierre Martin, ce genre de sortie reflète un racisme à peine déguisé des électeurs de l'extrême droite américaine.

« Donald Trump cherche à faire son autopromotion. Plus la presse en parle, plus ça fait son affaire », déplore-t-il.

L'équipe de campagne de Barack Obama a préféré ne pas commenter cette sortie, hier. « Étant donné que Trump est l'un des plus grands partisans de Mitt Romney, c'est une question qu'il vaut mieux adresser à son équipe de campagne à Boston », a répondu la porte-parole du candidat démocrate, Jennifer Psaki.

- Avec Associated Press