Dans un débat vigoureux, voire divertissant par moments, les candidats à la vice-présidence américaine se sont affrontés hier soir au Kentucky, mettant en relief les différences fondamentales entre les deux camps sur l'économie, la fiscalité, la santé et la politique étrangère, entre autres.

Huit jours après la contre-performance de Barack Obama lors du premier débat présidentiel, Joe Biden est passé à l'offensive face au colistier de Mitt Romney, remettant notamment en doute la crédibilité de ses déclarations à plusieurs reprises.

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« Sauf le respect que je vous dois, c'est de la foutaise », a déclaré le vice-président en répliquant aux critiques de Paul Ryan sur la gestion de l'attaque de Benghazi par l'administration Obama.

« Incroyable », a-t-il ajouté après une déclaration de son rival à propos de la politique de l'administration Obama vis-à-vis de l'Iran.

Les « 47 % »

Contrairement à son patron, Joe Biden a fait allusion aux propos méprisants de Mitt Romney sur la mentalité de « victimes » des 47 % d'Américains qui ne paient pas d'impôts.

« Ces gens paient plus d'impôts qu'en paie le gouverneur Romney. J'en ai jusque-là de cette attitude », a déclaré le vice-président.

« Il parlait de ma mère et de mon père », a-t-il ajouté sur le même sujet à la fin du débat. « Tout ce qu'ils veulent, c'est une chance égale. »

Paul Ryan a adopté une approche moins agressive que son rival, dont les interruptions ont été nombreuses. Il a néanmoins critiqué vigoureusement les politiques de l'administration Obama en matière de politique intérieure et étrangère.

« Ce que vous voyez à la télévision, c'est l'écroulement de la politique étrangère de l'administration Obama », a déclaré le candidat républicain en faisant allusion aux bouleversements actuels au Moyen-Orient, de la Libye à la Syrie en passant par l'Égypte.

Sur l'économie, le représentant du Wisconsin a notamment rappelé que le taux de chômage de Scranton, la ville natale de Joe Biden, s'élève aujourd'hui à 10 %, une augmentation de 1,5 % depuis le début de la présidence de Barack Obama.

« L'économie peine à progresser. Ce n'est pas ce à quoi une vraie reprise ressemble », a-t-il déclaré.

Paul Ryan a défendu la compassion de Mitt Romney, affirmant que ses propos sur les « 47 % » ne représentaient pas le fond de sa pensée.

« Pour ce qui concerne cette déclaration, le vice-président sait que les mots ne sortent pas toujours comme ils le devraient », a-t-il dit en faisant allusion à la réputation de gaffeur de son rival.

« Mitt Romney est un homme bon. Il se préoccupe des 100 % », a-t-il ajouté.

À la fin du débat, Paul Ryan a assuré que l'ancien gouverneur du Massachusetts était « uniquement » qualifié pour être président.

« Vous méritez mieux », a-t-il déclaré en fixant des yeux la caméra. « Vous avez besoin d'un créateur d'emplois à la Maison-Blanche. »

Biden sarcastique

La gestuelle de Joe Biden fera sans doute l'objet de plusieurs commentaires dans les prochains jours. Pendant une bonne partie du débat, le vice-président a réagi aux interventions de Paul Ryan en affichant un sourire sarcastique ou en éclatant de rire.

Le vice-président a probablement formulé les phrases les plus mémorables, rappelant notamment avoir reçu deux lettres de Paul Ryan réclamant des subventions dans le cadre du programme de relance économique de l'administration Obama.

« Il a écrit une lettre disant que la raison pour laquelle nous avons besoin de l'aide est que celle-ci stimulera la croissance », a déclaré Joe Biden en s'esclaffant.

Sur la santé et la fiscalité, les deux candidats ont repris le débat de chiffres qui avait marqué l'affrontement entre les deux candidats présidentiels.

Reste maintenant à voir quel impact le débat des candidats à la vice-présidence aura sur la course à la Maison-Blanche. Il n'y a pas de doute que le premier débat présidentiel a permis à relancer la candidature de Mitt Romney, qui devance désormais Barack Obama dans plusieurs sondages nationaux.

Le président continue à mener dans plusieurs États-clés de l'élection, mais son avance s'est considérablement réduite au cours des derniers jours.

> Relisez le suivi du débat et les réactions de nos journalistes Judith Lachapelle et Alexandre Sirois.