Mettre les pieds dans le plat: l'expression semble avoir été inventée pour Joe Biden, si on se fie à la façon dont il a été dépeint par les médias américains au cours des dernières années.

Tapez les mots «Joe Biden» et «gaffe» dans le moteur de recherche Google et vous obtiendrez près de 2,5 millions de résultats. Consultez le site web du populaire journal satirique The Onion et vous constaterez que le vice-président des États-Unis est devenu la tête de Turc des humoristes.

En revanche, son rôle ce soir est aussi sérieux que fondamental. Il doit prêter main-forte à son président. Barack Obama n'a pas su tenir tête à Mitt Romney lors du premier débat présidentiel. Depuis, le bateau démocrate prend l'eau. Joe Biden doit en quelque sorte colmater les fuites.

«Il y a beaucoup de pression sur le vice-président. Il devra être très énergique et mieux défendre [que Barack Obama] les accomplissements de la présidence démocrate», explique Joseph Pika, qui enseigne à l'Université du Delaware.

Si Joe Biden s'écrase ce soir contre son jeune rival Paul Ryan, son échec pourrait se transformer en séisme politique qui aura un impact sur le scrutin de novembre.

Mais les démocrates peuvent-ils espérer une brillante performance du colistier de Barack Obama? Pas plus tard que la semaine dernière, il donnait encore des munitions aux républicains.

Lors d'un discours, il a affirmé que la classe moyenne aux États-Unis «a été accablée au cours des quatre dernières années». Il semblait avoir oublié que les démocrates contrôlent la Maison-Blanche depuis quatre ans!

Vieux routier

Joseph Pika, qui a vu Joe Biden en action à plusieurs reprises, estime que l'image actuelle du vice-président est une «caricature» véhiculée par les médias, qui mettent l'accent sur ses dérapages.

«Pour un vice-président, il n'y a pas beaucoup d'autres façons de faire la nouvelle. Prenez son prédécesseur, Dick Cheney. La fois où on a le plus parlé de lui, c'est lorsqu'il a tiré sur un de ses compagnons de chasse», souligne l'expert.

Au-delà de la caricature, Joe Biden est un vieux routier de la politique américaine. Il est devenu sénateur lorsque Paul Ryan avait 2 ans. Il a représenté le Delaware au Sénat américain pendant 36 années, dont plusieurs à la tête de la prestigieuse commission des Affaires étrangères.

Né à Scranton, en Pennsylvanie, il y a 69 ans, fils d'un vendeur d'automobiles, il n'a jamais renié ses origines humbles. Ce qui lui permet d'être aussi bien accueilli par des ouvriers que par des universitaires.

Et quand les attentes sont élevées, Joe Biden réussit habituellement bien. Lors de son discours à la convention démocrate, il a redoré le blason de son président et fait rugir la foule en répétant son slogan préféré: «Oussama ben Laden est mort et General Motors est vivant.» Sera-t-il aussi mordant ce soir?