Fort de sa remontée dans les sondages face à Barack Obama, le républicain Mitt Romney opérait mercredi dans l'État clé de l'Ohio un net recentrage de sa campagne, dans une tentative de mobiliser l'électorat centriste et féminin.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Mais le président Barack Obama, essayant de dépasser sa prestation sans relief lors du débat télévisé du 3 octobre après laquelle il a perdu son avance dans les sondages, a entrepris de contrarier cet effort en pointant des contradictions apparentes de son adversaire, en particulier sur l'avortement.

«Si vous votez pour moi et convainquez d'autres gens de faire la même chose, grâce à l'Ohio je serai élu prochain président des États-Unis», a déclaré M. Romney mercredi après une visite d'usine à Mount Vernon dans l'Ohio, État crucial par excellence en vue de l'élection du 6 novembre.

«Le président dit qu'il est pour la classe moyenne. Mais comment s'en est-elle sortie sous son mandat? Pas si bien», a encore dit M. Romney, qui était mercredi soir à Sidney, également dans l'Ohio.

La moyenne des six derniers sondages lui accorde un point d'avance sur le président sortant, un écart inférieur à la marge d'erreur mais jamais observé jusqu'à présent en sa faveur.

Resté à Washington, avant de retrouver le chemin des États-clé jeudi en Floride, M. Obama a de son côté reconnu sa contre-performance au débat de Denver, au Colorado, le premier de trois rendez-vous avec son adversaire.

«C'était une bonne soirée pour le gouverneur Romney. Ce n'était pas ma soirée. Ce n'est pas la première fois» que cela se produit, a affirmé M. Obama à l'antenne de la télévision ABC, en estimant toutefois que «les fondamentaux de cette course n'ont pas changé».

A l'offensive, l'équipe Obama s'est emparée de déclarations effectuées mardi soir par M. Romney à un quotidien de l'Iowa (centre) selon lesquelles il n'a pas «connaissance d'un projet de loi sur l'avortement qui ferait partie de (son) programme».

M. Obama, sur ABC, a jugé que «le gouverneur Romney est allé très loin pour essayer de dissimuler ses véritables positions». Le président a rappelé que son adversaire avait «dit clairement que si un projet de loi (revenant sur le droit à l'avortement) lui était soumis, il le soutiendrait».

«Je suis un candidat pro-vie»

Interrogé mercredi par des journalistes à ce sujet, Mitt Romney leur a répondu: «Je pense l'avoir dit et répété. Je suis un candidat pro-vie. Je serai un président pro-vie. J'agirai immédiatement pour cesser le financement (public) du planning familial».

Le terme «pro-vie» («pro-life») est employé par les partisans de l'abolition du droit à l'avortement.

«Nous allons gagner dans l'Ohio parce que les femmes vont m'aider à gagner!», a-t-il lancé dans un restaurant de cet État rempli de supporters et supportrices. Les femmes, qui représentent 53% du corps électoral, avaient choisi pour 56% d'entre elles M. Obama en 2008.

Mais la déclaration de M. Romney de mardi tranche avec ses multiples prises de position contre l'avortement sauf en cas de viol, d'inceste et de danger pour la mère.

Mitt Romney a profité du face-à-face de Denver pour commencer son recentrage, promettant par exemple que certaines clauses de la réforme Obama sur la santé seraient conservées et qu'il ne réduirait pas le budget de l'éducation.

Le républicain a aussi admis ces derniers jours que ses propos sur les 47% d'Américains avec une mentalité de «victimes» parce qu'ils ne payaient pas d'impôts étaient «complètement incorrects». Il a également insisté sur la nécessité de plafonner les niches fiscales en particulier pour les plus riches.

MM. Romney et Obama se retrouveront pour deux autres débats les 16 et 22 octobre. Dans l'immédiat, ils auront les yeux tournés vers leurs lieutenants, le vice-président Joe Biden et le colistier républicain Paul Ryan, qui vont débattre jeudi soir dans le Kentucky.