Quatre jours après avoir relancé sa candidature par une bonne performance lors du premier débat présidentiel, Mitt Romney a appelé hier à un changement de cap au Moyen-Orient en critiquant le bilan de Barack Obama dans cette région tourmentée.

«Je sais que le président espère un Moyen-Orient plus sûr, plus libre et plus prospère, allié des États-Unis. Je partage cet espoir. Mais l'espoir n'est pas une stratégie», a déclaré le candidat républicain à la Maison-Blanche, qui dénonce la «passivité» du président dans les dossiers libyen, iranien, syrien et israélo-palestinien.

«Nous ne pouvons pas aider nos amis et battre nos ennemis si nos paroles ne sont pas appuyées par des actes et si la perception de notre stratégie n'est pas celle d'un partenariat, mais celle de la passivité», a-t-il ajouté lors d'un discours à l'Académie militaire de Lexington, en Virginie, un des États-clés de l'élection présidentielle du 6 novembre.

Mitt Romney n'a pas annoncé de nouvelles positions, mais a répété ses appels pour le renforcement des sanctions contre l'Iran, l'approvisionnement en armes des rebelles syriens et l'augmentation du budget du Pentagone, entre autres. À moins d'un mois du scrutin présidentiel, l'ancien gouverneur du Massachusetts cherchait surtout à asseoir sa stature de futur commandant en chef et à exploiter les bouleversements actuels au Moyen-Orient.

«Quand on observe ce qui se passe au Moyen-Orient actuellement - l'Iran qui s'approche plus que jamais de l'arme nucléaire, le conflit en Syrie qui risque de déstabiliser la région, des extrémistes violents qui sont en marche et un ambassadeur des États-Unis et trois autres [compatriotes] qui ont probablement été tués par des associés d'Al-Qaïda -, il est évident que le risque d'un conflit dans la région est plus important qu'au moment où le président est entré en fonction», a déclaré Mitt Romney.

«La sécurité de l'Amérique et la cause de la liberté ne peuvent souffrir de quatre autres années comme les quatre dernières», a-t-il ajouté.

»Guerre contre l'Occident»

Les sondages indiquent que les Américains font plus confiance à Barack Obama qu'à Mitt Romney sur les questions de politique étrangère et de sécurité nationale. L'élimination d'Oussama ben Laden fait partie des réussites dont le président se félicite, mais l'attaque contre le consulat des États-Unis à Benghazi l'expose à des critiques pointues.

Mitt Romney a d'ailleurs rappelé que l'administration Obama a d'abord tenté de minimiser la nature des attaques qui ont mené, le 11 septembre, à la mort de l'ambassadeur Christopher Stevens.

«Non, comme l'administration l'a finalement admis, ces attaques étaient l'oeuvre délibérée de terroristes qui utilisent la violence pour imposer leur obscure idéologie aux autres, particulièrement aux femmes et aux filles, qui se battent pour prendre aujourd'hui le contrôle d'une grande partie du Moyen-Orient et qui cherchent à déclencher une guerre permanente contre l'Occident», a-t-il dit.

L'ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright a réagi au nom du camp de Barack Obama et a donné une note médiocre - «C» - à Mitt Romney pour son discours «plein de platitudes et dénué de substance».

«J'aimerais demander au gouverneur Romney ou à ses conseillers ce qu'il ferait précisément de différent», a-t-elle déclaré lors d'une conférence téléphonique.

Le discours de Mitt Romney donnait le coup de départ à une semaine de campagne qui devrait être dominée par l'unique débat entre les candidats à la vice-présidence, le démocrate Joe Biden et le républicain Paul Ryan. Cet affrontement aura lieu jeudi soir.

La performance de Mitt Romney lors du premier débat présidentiel lui a permis de bondir dans certains sondages. Le Pew Research Center a notamment publié hier un baromètre donnant au candidat républicain une avance de quatre points de pourcentage (49% contre 45%) auprès des électeurs les plus susceptibles de voter à l'élection du 6 novembre.

Il faudra cependant attendre encore quelques jours et plusieurs autres sondages avant de savoir si ce rebond est durable ou passager.