Le principal stratège de Mitt Romney, Stuart Stevens, est accusé par plusieurs républicains de mener une campagne molle, sans éclat. Le fiasco de la vidéo secrète des «47%», cette semaine, fait à nouveau déraper les efforts de la «voix de Romney», écrit notre correspondant.

Il a aidé George W. Bush à entrer à la Maison-Blanche, en 2000, puis à y rester, en 2004. Il a claqué la porte de la campagne de John McCain il y a cinq ans, avant de réussir à faire triompher Romney durant les primaires républicaines et de devenir le principal stratège de sa campagne actuelle.

Pour Stuart Stevens, septembre 2012 était le mois où Mitt Romney séduirait les Américains avec ses idées ambitieuses et son message d'espoir.

Aujourd'hui, Stevens se retrouve plutôt au milieu d'une rafale de controverses et de sondages négatifs qui semblent prendre de l'ampleur chaque jour.

Hier, dans le Wall Street Journal, la chroniqueuse conservatrice Peggy Noonan a sonné l'alarme. «La campagne de Romney est incompétente. Elle n'est pas ambitieuse, elle n'est pas courageuse. Les gens veulent savoir qui est responsable de cela dans la campagne. Très bien, mais Romney n'est pas une marionnette: il choisit qui écouter. Une intervention s'impose: «Mitt, ça ne fonctionne pas.»»

Originaire du Mississippi, Stuart Stevens, 58 ans, n'a pas une vie banale. Il a traversé les Pyrénées à vélo, écrit des livres, été consultant à Hollywood (notamment pour le film de George Clooney The Ides of March) et a skié jusqu'au pôle Nord. En 1997, il a dîné durant un mois à chacun des 29 restaurants cotés trois étoiles au guide Michelin en Europe, une expérience qu'il relate dans son livre Feeding Frenzy.

Si Stevens est nerveux aujourd'hui, il n'en laisse rien paraître.

Bons et mauvais jours

« Comme pour toutes les campagnes, nous avons de bonnes et de mauvaises journées, a-t-il dit à l'organisation américaine de journalisme Politico, dimanche, avant que n'éclate la controverse sur la vidéo secrète dans laquelle Romney se moque des 47% d'Américains les moins fortunés. Je suis heureux de prendre la responsabilité pour les mauvais jours. Nous avons une équipe très talentueuse. »

Son côté bouillant et improvisateur semble avoir contribué à l'image chaotique que projette la campagne de Romney. Cette semaine, on a appris que Stevens a décidé, à la dernière minute, de jeter aux poubelles le discours que devait prononcer Romney lors de la convention républicaine, le mois dernier. Durant la réécriture, le stratège a oublié de saluer le travail des troupes en Irak et en Afghanistan, une omission qui a été remarquée.

C'est aussi Stuart Stevens qui a donné le feu vert à Clint Eastwood, dont le numéro étrange durant la convention républicaine a largement éclipsé le discours de Romney.

Lundi, ce dernier a dit qu'il était tout à fait à l'aise avec les gens qui dirigent sa campagne.

«Nous avons une campagne remarquable. Mes stratèges supérieurs forment une excellente équipe, a-t-il dit en entrevue à NBC. Ces histoires [au sujet de Stuart Stevens] sont des distractions qui ne tiennent pas compte des vrais enjeux de cette campagne électorale.»

STUART STEVENS EN CINQ DATES

1995

Travaille sur la campagne présidentielle infructueuse du sénateur Bob Dole.

2000

Stratège pour George W. Bush, une expérience qu'il relate dans son livre The Big Enchilada.

2004

Stratège pour la réélection de Bush.

2007

Quitte la campagne de John McCain, alors aux prises avec d'importants problèmes financiers.

2012

Devient le principal architecte de la campagne de Romney.