Les Américains n'ont encore rien vu: si Barack Obama obtient un deuxième mandat, il achèvera d'endetter son pays afin d'en faire un État socialiste, réduira l'arsenal nucléaire américain presque à néant et donnera le feu vert à la création, au Moyen-Orient, des «États-Unis d'Islam», qui élimineront Israël.

Et pourquoi le 44e président des États-Unis voudrait-il qu'un scénario comportant plusieurs autres calamités du même genre se réalise? La réponse est surprenante: Barack Obama rêve de concrétiser l'idéologie anticoloniale dont il a hérité de son père kényan, mort en 1982. Cela le pousse donc à s'attaquer aux assises et aux intérêts de la principale puissance néocoloniale de son époque, les États-Unis d'Amérique, dont il a pris la tête après avoir «dupé» les électeurs en 2008.

Cette thèse déconcertante, pour ne pas dire fantaisiste, est défendue dans un documentaire intitulé 2106: Obama's America, qui connaît un succès boeuf auprès de la droite américaine depuis sa sortie, à la mi-juillet, dans une seule et unique salle de Houston. Présenté au début de septembre dans près de 1800 salles, le film écrit et coréalisé par l'intellectuel conservateur Dinesh D'Souza a dépassé les 30 millions de dollars de recettes au box-office, ce qui en fait le documentaire politique le plus vu aux États-Unis depuis Fahrenheit 9/11, de Michael Moore.

Né en Inde il y a 51 ans et vivant aux États-Unis depuis l'adolescence, D'Souza a travaillé au sein de l'administration de Ronald Reagan, avant de se joindre à un groupe de réflexion et de pondre plusieurs livres - qui ont fait la joie des conservateurs, mais qui ont fait rager les progressistes. Dans un ouvrage publié en 1995, il a notamment annoncé la fin du racisme aux États-Unis; puis, dans un brûlot paru en 2007, il a accusé la «gauche culturelle» de complicité dans les attentats du 11 septembre 2001.

Le père dans la ligne de mire

Véritable sosie asiatique de Mr. Bean, Dinesh D'Souza reprend dans son film une thèse qu'il avait exposée dans l'un de ses plus récents best-sellers, intitulé The Roots of Obama's Rage (Les racines de la rage d'Obama). Selon lui, on ne peut comprendre Barack Obama sans parler de son économiste de père.

«Ce socialiste africain alcoolique, en colère contre le monde qui l'empêchait d'atteindre ses rêves anticolonialistes, fixe désormais la politique de la nation [américaine] à travers la réincarnation de ses rêves dans son fils», raconte D'Souza, qui se met constamment en scène dans 2016: Obama's America.

Au championnat de la mauvaise foi, Dinesh D'Souza bat à plate couture Michael Moore, dont il dit s'être inspiré. À ses yeux, le fait que Barack Obama n'ait rencontré son père qu'une seule fois dans sa vie (à l'âge de 10 ans) n'a pas diminué, mais décuplé l'influence que celui-ci a eue sur lui.

Selon le documentariste, le président n'a pas davantage réussi à s'affranchir de l'emprise qu'ont eue sur lui les Edward Saïd, Roberto Unger, Jeremiah Wright, Bill Ayers et autres idéologues extrémistes ou anticolonialistes qu'il a connus à Columbia, Harvard ou Chicago. Il aurait donné la preuve de son anticolonialisme invétéré en se départissant du buste de Winston Churchill lors de son arrivée à la Maison-Blanche. Et il aurait poursuivi dans la même veine radicale en promulguant sa réforme de la santé.

Dinesh D'Souza passe évidemment sous silence le fait que l'«Obamacare» a été inspirée en bonne partie par des idées conservatrices.

Le film 2016: Obama's America n'aura sans doute pas plus d'influence sur le résultat de l'élection présidentielle du 6 novembre que n'en a eu Fahrenheit 9/11 sur celle de 2004. Mais le documentaire de Dinesh D'Souza met en évidence un Barack Obama imaginaire qui occupe une place centrale chez les républicains, y compris chez leurs candidats à la présidence et à la vice-présidence.

Mitt Romney se défend d'épouser les thèses absurdes de certains de ses partisans au sujet de la religion ou du lieu de naissance de Barack Obama. Mais son premier réflexe après les attaques contre les missions diplomatiques américaines d'Égypte et de Libye a été d'accuser le président de sympathies pour les extrémistes musulmans.

Quant à Paul Ryan, il a tenu le même genre de propos incendiaires quelques jours plus tard en reprochant à Barack Obama de traiter Israël «avec une indifférence frôlant le mépris».

Après avoir vu 2016: Obama's America, plusieurs tenants de la droite américaine opineront du bonnet.

PHOTO BLOOMBERG

Dinseh D'Souza, ci-dessus, brosse un portrait déconcertant, pour ne pas dire fantaisiste, du président Barack Obama en socialiste islamiste et anticolonialiste.